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Templiers 2018 : l’origine du trail, une course mythique, des embûches’ Cade, du pool dance, et des soleils garantis

Ce dimanche 21 octobre 2018 se courait la 24e édition du mythique Grand Raid des Templiers, à Millau. L’origine du trail. Le premier trail français. Cette année le format était de 78km. Une course très réputée, attirant professionnels et amateurs confirmés de la discipline, tout comme des amateurs plus novices et cette année 2018, exceptionnellement, un bon vieux tocard : El Tocardo.

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Grand Raid des Templiers 2018

L’édition 2018 propose un parcours remanié sur 19 km par rapport à la version précédente. Sensiblement plus long (+2km) et avec un peu plus de D+, cette 24e édition de l’épreuve continue d’attirer les fanas de la discipline, 2.750 inscrits cette année ! Les élites du Trail ne manquent pas à l’appel et pour cause. Les prix en euros sonnant et trébuchant promis aux 10 premiers Hommes et 10 premières Femmes étant parmi les plus élevés du circuit, ces champions débarquent ici motivés comme jamais (c’est le côté moins du sport business, mais bon, faut bien vivre aussi de sa passion...). Des champions de France de Trail, aux champions et vice champions du monde de Trail, tout le gratin de la discipline vient à Millau pour marquer son territoire. El Tocardo fait de même, pour lui, c’est plus simple, peu importe les performances sportives, il suffit d’uriner sur un arbre. A plus de 50 balais, la prostate facilite parfois les choses.

Retrait du dossard, le Grand Moineau est, tout comme moi, un peu déplumé...

Grand Moineau des Templiers

Pour celles et ceux qui ont suivi les déboires ubuesques d’El Tocardo pour la préparation de cette course (chaîne YouTube El Tocardo), le rendez-vous avec le Grand Moineau était un moment clé de cette aventure. Ayant foiré sa dernière épreuve, El Tocardo devait donc négocier la remise de son dossard. En tenue de Templier, il se pointe donc au salon du trail, lieu de remise des précieux sésames.

Peu avant d’affronter cet oiseau, en ce lieu saint, il tombe sur une jeune journaliste, étonnée de le voir ainsi vêtu. Elle lui propose de l’interviewer, caméra en mains. Logique. Ce qui sort du commun suscite forcément l’intérêt. Probablement encore une de ces journalistes d’investigation, suspectant un scandale politique à fort retentissement, un TemplierGate à révéler au monde entier. Elle imaginait déjà son prix Albert Londres, récompensant les meilleurs enquêteurs, trônant sur sa cheminée, quand El Tocardo se mit à parler... Et là, ce fut le drame. Au revoir, prix, reconnaissance de la profession, qui plus est, carte de journaliste, une carrière brisée... De longues années de chômage, pour finir à la sortie du Petit Casino en demandant quelques pièces... Bref. Je raconte alors ma folle histoire... Pendant quelques minutes, n’oubliant aucun détail loufoque de cette saga complètement déjantée. A la fin de mon monologue... Je réalise combien ce que je raconte est totalement incompréhensible pour un esprit rationnel. La journaliste n’ayant logiquement rien compris à ma narration me questionne enfin : "Et alors, comme allez-vous faire pour courir sans votre dossard ?". Je déglutis. Je mesure son incompréhension et décide de sortir avec honneur de cette situation embarrassante pour nous deux, par un "Ah non, mais le dossard je l’ai... Enfin je vais le chercher là... Hum...". La gène s’installe, j’abrège nos souffrances respectives en terminant par un laconique "Bon ben, j’y vais là, au revoir !". Bref, passons. Certain que les images tournées ne donneront jamais de suite, je repars donc rassuré à la quête de mon dossard, afin de filmer moi-même le dernier épisode de ma série. Le ridicule ne tue pas, mais peut être gênant parfois.

Dossard en poche, participation aux jeux terminée

La veille du jour J, je rencontre donc ce Grand Moineau. Je l’imaginais bien plus grand, mais en même temps, un moineau dans la nature n’a pas une envergure si impressionnante. D’une gentillesse plus que surprenante, il me confie mon dossard avec bienveillance. Il trouve tout de même le moyen de me demander ma licence d’athlé, histoire de respecter le dit règlement. Je filmais, cela pourra attester de la perfection de son dévouement à la cause des Templiers. C’est donc dossard dans le sac que j’arpente, non sans mal, ainsi vêtu, les allées du salon du Trail. Et voici que je laisse mes coordonnées afin de tenter de gagner, un dossard par ici pour une course de 125km avec 7.000D+, un dossard par là pour une sortie de plus de 6.000D+, bref, la folie des grandeurs de l’apprenti trailer qui a les yeux plus gros que les quadris...

Dimanche 21 octobre 2018, réveil à 3 h 45 du matin, toge rouge, casque et épée

Un look de mineur (celui qui bosse dans une mine !) plutôt que de Templier... C’est le fruit d’une mauvaise nuit. L’angoisse de l’épreuve du lendemain. Impossible de trouver le sommeil, hormis évidemment 15 minutes avant que le réveil ne sonne... Hop, je ne traîne pas. Une p’tite douche bien chaude histoire de ne pas grelotter sur la ligne de départ, en tenue de coureur. Un p’tit déj léger rapidement avalé, je n’ai pas faim. Estomac noué. La peur du débutant. Je mets ma panoplie de templier par dessus ma tenue de course, et hop, je quitte l’hôtel. Premier faux pas, le heaume du Templier et la frontale du trailer ne vont pas ensemble. Ce sera impossible de courir avec. Pas de souci, je n’avais nul besoin d’autres prétextes pour ne pas courir avec cet accoutrement.

Je rejoins la Bussy Running Dream Team, à l’accueil de leur hôtel non loin du mien, et nous faisons le chemin ensemble vers la ligne de départ. Ambiance chaleureuse. Nous allons passer une bonne journée, c’est certain.

3km, c’est la distance à parcourir à pied entre mon hôtel et la ligne de départ. C’est plutôt une bonne chose, cela permet un petit réveil musculaire tout en douceur. Il ne fait pas très froid, une dizaine de degrés environ.

B or not 2 B ? Bâtons ou pas ?

Comme je n’ai pas véritablement trouvé encore le moyen de courir rapidement avec mes bâtons sans être gêné, j’avais décidé de faire cette épreuve sans. De plus, comme je souhaite m’entraîner pour des trails pour lesquels l’usage des bâtons n’est pas autorisé, je me suis dit qu’au final, ce serait mieux ainsi. Je ne le regrette pas. Les bâtons permettent d’économiser ses jambes durant les cotes et les faux-plats, mais peuvent devenir des freins lors des descentes. Et compte-tenu de la vitesse pratiquée sur ces pistes, mieux vaut ne pas avoir de bâtons dans les mains. Le temps de réaction doit être le plus court possible pour changer de direction.

Top départ à 5h48

Juste avant le départ, la musique Ameno d’ERA (sur une inspiration de Carmina Burana, ne cherchez pas à comprendre les paroles, ce sont juste des sons de voix, aucun texte latin :) ) pour vous faire dresser les poils, frissons partout, et c’est parti, sous la lumière des fumigènes.

Placé dans le sas n°1 (hormis pour les élites, 3 sas sont attribués selon le classement ITRA de chaque athlète), je pars donc 338e de la course (mon n° de dossard). Comme classiquement, les premières dizaines de mètres sont faites à allure réduite. Puis sur cette première portion de route de 2km, l’espace est suffisamment large pour accélérer. Je laisse passer le 1er kilo tranquille, histoire de m’échauffer, et puis je me laisse aller. La consigne est de ne jamais regarder ma montre. La première cote ne se fait pas attendre bien longtemps, la vitesse chute, mais tout le monde court encore, donc je fais comme tout le monde. Frais, cette cote nous parait bien facile. Les virages s’enchaînent, et nous arrivons déjà à ce qui ressemble à un premier sommet. Je me dis que cela devrait aller, je m’attendais à un parcours plus violent.

Courir vite sur le plat, pendant la fraîcheur matinale

Ma crainte était la chaleur annoncée dans la journée. Je me suis dit qu’il valait mieux profiter des rares portions rapides pour "envoyer", plutôt que subir la chaleur par la suite. J’ai bien fait. Sur le plateau, je galope donc à vive allure (autour des 15km/h sur cette section dixit Strava).

Le soleil se lève déjà...

En arrivant sur Peyreleau, le soleil est déjà levé. Beaucoup de plaisir pris lors de cette descente, pleines de sensations. Entouré de jeunes, ça envoie grave, plus de 15km/h en vitesse de pointe dans ces monotraces, ils n’ont pas froid aux yeux. Les athlètes féminines sont épatantes, tout en souplesse, elles vont encore plus vite que la plupart des gars.

Je jette une coup d’œil furtif, histoire de reconnaître un visage familier, parmi cette petite foule acclamant généreusement les coureurs. J’aime bien le son de la cloche, les "allez Denis", oui, c’est moi... Pas la cloche, le coureur. Le prénom des coureurs est indiqué sur le dossard. J’en profite pour faire quelques vannes à deux balles. "Mais c’est moi ? On se connaît ?". Bref, à cours de glucides, mon cerveau ne permet pas de servir des blagues moins pourries...

Je scrute les visages de la foule, mais les accompagnantes des athlètes de mon club n’ont pas eu le temps d’arriver jusqu’ici. Je suis trop rapide :) Mais quel frimeur ce tocard ! Pas grave. L’idée seule de savoir que potentiellement elles pouvaient être là m’a aidé à tenir le cap jusqu’ici. Au kilo 49, même constat, trop rapide, elles ne seront pas là non plus.

Km 49...Deux ravitaillements espacés de 18 bornes, c’est trop... Y’a plus de KitKat ?

Les chemins s’enchaînent, cotes, descentes, on ne sait plus vraiment où l’on est. Le parcours est tellement bien balisé que l’on a aucun souci de navigation. Je continue de galoper, je m’amuse comme un gamin dans ces monotraces, avec ces quelques jeunes et ces premières féminines. Impressionnantes. D’une régularité d’une horloge suisse. Le maniement des bâtons parfait, une excellente propulsion.

Des ravitos en gel et barres de céréales tout au long du parcours...

Lors des débuts des cotes, avec les manipulations de prise de bâtons sans doute, il m’arrive à plusieurs reprises de trouver des gels, barres et autres nutriments non identifiés le long du parcours, au sol, perdus par mégarde par des athlètes plus rapides que moi. Je ne parle pas de poubelles, mais bel et bien de gels non ouverts abandonnés... Tombés du sac. A court de glucides, et par crise de "feignasserie aïgue" pour m’arrêter, ouvrir mon sac et saisir des miens, j’en essaie deux en ayant pris soin de lire rapidement la composition (glucose en 1er). Cela ne doit pas être bien toxique, pensais-je, puisqu’ils sont devant moi... Mais est-ce qu’ils ne seraient pas devant moi car justement ils n’ont mangé ceux-là ? Bref, encore un nœud au cerveau... Mon instinct de survie reprend le dessus. Du sucre ! Du sucre !
De la daube donc, mais bon... Les organisateurs ne peuvent quand même pas ordonner aux coureurs de ne laisser tomber de leurs sacs que des barres de céréales de qualité. Certains prennent des choses pour le moins bizarre. Un auquel je n’ai pas touché n’était même pas en Français. Je l’ai donné à un supporter le long du parcours, hi, hi. Bon appétit ! Bien joué ! Bon pour le goût, c’est très sucré quoi...

Mais Que calor !

Mais la chaleur commence à se faire sentir. Le soleil est fort, et l’absorption de Vichy St Yorre à chaque ravito renforce cette sensation de soif intense. Du coup, j’ai soif, vraiment très soif. Faim, vraiment très faim. J’ai dévoré tous mes KitKat et autres denrées glanées au sol sur le single, et me retrouve au désespoir en attendant le prochain ravito. Pas avant 18 bornes. Je bois une dernière fois au tuyau avant de repartir du kilo 49, mais 100m plus loin, j’ai soif de nouveau. Alors je décide, tant pis, de compter les kilomètres. Chose que je m’interdis, mais là, véritablement, il faut que je m’occupe l’esprit. Cette soif me hante. Heureusement, les paysages sont là pour me divertir...

Des paysages à couper le souffle, ce n’est pas optimal pour la course à pied :)

Le souci d’un trop beau parcours, c’est que l’on a tendance à lever la tête pour en profiter. Et donc, forcément, si nos yeux fixent le paysage au loin, la tendance est à se prendre les pieds dans les souches, racines, et autres pierres placées au meilleur endroit pour faire mouche. Je résiste à ces pièges plusieurs fois. Mais sais bien que durant ce périple, il sera bien difficile de ne pas communier avec cette terre et ces pierres si riches en Histoire.

Yes, j’ai enfin pu salir mes chaussures de trail !

Grosse peur panique. Vais-je terminer ce trail mythique sans avoir des chaussures sales ? C’est certain, dans un tel cas, la moquerie sera légion. "Il a fait un trail mythique et il a des chaussures propres..." Mais non, ouf, un petit ruisseau traverse le mono-trace pendant une vingtaine de mètres. Ah, je suis ravi. Je m’arrête. J’en profite pour bien mettre mes pieds dans la boue... Je vais jusqu’à mouiller mes chaussettes. Ah ! Je repars, la sensation du devoir accompli, je suis un vrai traileur, je suis sale !

Ravito sauvage, flotte, je rempli ma citerne de 500 ml

Au final, les km passent plus vite que prévu. Arrivé en bas de cote montant à la Cade, je fais le plein d’eau plate, au bout du tuyau (ravito sauvage), je rempli ma gourdasse, et allons-y. Ne connaissant pas le parcours, un officiel présent près du tuyau me dit, sans doute par pitié, que je risque de prendre cher dans les 2 heures qui suivent... Et pour cause, il me prévient : "Tu ne connais pas le parcours ? ça va monter fort. Mais prends ton temps..." Il me fait craindre le pire. A-t-il peur que je fasse une crise cardiaque ? Un autre officiel, 100m plus loin m’annonce de son côté : "tu en as pour 30 minutes de montée franche...Allez c’est bien, t’es le premier aux cheveux blancs..". Effectivement, pas une partie de plaisir cette cote, sous cette chaleur de plomb. Et oui, j’ai des cheveux blancs.

Embûches à La Cade... Dans le nord, on parle plutôt d’embuscades

Plein le cul ! C’est l’expression, certes assez grivoise, mais digne d’un Templier, qui me vient à l’esprit à ce moment-là. Autant j’apprécie les cotes, mais après grimpé pour arriver au ravito au sommet, j’apprends, au fil d’une discussion sur l’hégémonie des Templiers dans la région dans l’ère médiévale sous le règne de Louis XII, qu’une autre cote est encore à franchir. STOP ! Du coup, je sombre dans le Coca. Une crise de cocacolalisme aiguë. Je sais c’est un poison, une drogue, à base de pétrole, de paille de fer, d’animaux morts, mais bon, c’est bourré de sucres et un peu de caféine ne me fera pas de mal. Et puis, je ne vais quand même pas boire de la soupe, fut-elle si bonne, par 30° ! Par ailleurs, le saucisson et le roquefort, si joliment présentés au ravito, ne me paraissent pas être les aliments les plus adaptés lors du déroulement d’une activité sportive intense, mais je respecte les avis de tous. Pour ma part, je passe mon chemin... Je repars avec ma citerne remplie de Coca.

Le bout du nez rocheux de la Pouncho d’Agast par le Faux Monnayeur

Avec un nom comme cela, l’on pourrait s’attendre à un passage sympa... Cela fait titre de dessins animés. Bah non. Cette ultime épreuve pour monter au niveau de l’antenne relais. Hein ? On va aller réparer une antenne ou quoi ? Un léger coup au moral. Ou plutôt un ras le casque complet. Une envie de tout envoyer balader. Mais bon, je me dis aussi que tout bon Templier qui doit faire ses preuves, doit en chier un minimum... Non pas que cette cote ne soit pas un challenge sportif, mais parce que mentalement je n’étais pas prêt. Pour moi, c’était terminé, rien que de la descente, et à moi, les crêpes au Nutuella... Et bien non ! Il faut remettre cela, grimper jusqu’à cette antenne relais très moche, sous une chaleur étouffante. Ma montre ne cesse d’indiquer FC MAX dépassée, bref, tout va bien. Je suis dans le rouge sombre, vivement que cela se termine. Deux gorgées de Coca, et je n’y pense plus.

1,2,3 Soleils !

Après donc la montée de la Cade et de pointe du nez rocheux de Pinocchio, c’est au tour de la descente de la CAF, surnommée "pente de la mort", on ne sait pas pourquoi... La ligne d’arrivée est proche, l’odeur alléchante de l’écurie (sic), le repos du Templier, bien mérité. Fatigué, la vigilance est moindre. La pente est forte, en ligne droite, parsemée de petits cailloux, sur un sol humide. Il avait plu deux jours en début de semaine, les sous-bois étaient donc bien humides. Comme tout le laissait donc présager, je me suis aplati au sol, telle une crêpe, sans sucre, en plein milieu de la trace. Une racine, pourtant fluotée, s’étant prise dans le lacet d’une de mes chaussures... Un bon vol plané, sans aucun impact sur mon intégrité physique, hormis la surprise. Le contact au sol était même doux, et j’avoue avoir profité de cet instant de fraîcheur, limite plaisant. Incroyable. Continuons encore un peu... Je ralentis tout de même. Je pense à ma course de dimanche prochain. Préserve-toi un peu pensais-je...Deux gorgées de Coca.

Chouette, c’est déjà la grotte du Hibou

La grotte du Hibou marque le début de l’euphorie. La fin de course est proche, c’est sans doute le seul point de repère du parcours que j’ai retenu. Quand tu passes la grotte du Hibou, c’est chouette !

Pool Dance obligatoire dans la descente de la CAF

Afin de passer cette dernière épreuve, si tu n’es pas un templier adepte du pool dance, tes espoirs de préserver ton intégrité physique sont limités. La pratique du pool dance avec les branches et les troncs des arbres est obligatoire. Le trail n’est-il pas le meilleur moyen de faire communion avec la nature ? Ton agilité ancestrale à t’accrocher aux arbres, devrait te permettre de réduire d’un coup ta vitesse accumulée lors d’une descente de 50 mètres. Impossible de freiner avec mes pompes, elles glissent telles des patins sur la glace fraîche (j’exagère si peu...). Sans pool dance, c’est en mode crêpe que l’aventure se termine ! Aplatie contre une pierre en bas de la pente, confiture aux fruits rouges garantie.

Je n’avais de toute évidence pas fait le bon choix de chaussures. Mes rouges (pour ne pas citer de marque, commençant par un SAL et se terminant par ON), ne répondent plus. De longues glissades en dérapages trop peu contrôlés, m’envoyaient tantôt trop sur la gauche, tantôt trop sur la droite. Je faisais donc du pool dance avec les trop rares branches présentes sur les bords du parcours. Ma seule crainte, qu’une branche cède sous mon inertie. Fort heureusement, cela n’arriva pas.

Une dernière chute avant l’arrivée, pour la gloire

A environ 800 m de l’arrivée, sur un chemin banal, sans aucune difficulté, en faible pente, à une allure d’environ 14 à 15 km/h, je décide donc de faire communion avec le soleil... Un de mes pieds heurte sans doute une pierre. Un beau vol plané, pour terminer, une nouvelle fois, sur mon flanc droit. 3 chutes, 3 fois sur le côté droit. Contusions, coude en sang, paume de la main égratignée, bref... Les traditionnelles millisecondes de perte de repère. J’ouvre les yeux. Un athlète me demande : "ça va ?". Deux enfants courent également dans ma direction, témoins du crash du vieux. Je réponds sans réfléchir "Je veux finir la course !". Je ne souhaitais surtout pas regarder mes petits bobos, pour terminer cette p* de course de m*. Get this shit done  ! (pensée sur le moment évidemment, 2 minutes plus tard, cette course est la plus géniale au monde...). Au final, rien de bien grave. La Protection Civile ne constata ni fracture ouverte, ni arrêt cardiaque. Je n’avais donc rien :)

9h15, 88e au scratch, 1er master 2...

Pour les fanas de numérologie, tout de même une belle série de chiffres pour un tocard. Bon, je suis surtout satisfait de cette performance au regard des pédigrées des participants classés peu après moi. C’est juste impressionnant. De vraies machines de guerre, et pourtant je suis devant. Juste dingue. Je pars 338e, je termine 88e, pas mal. Avant ma tentative d’apprendre à nager dans la forêt, j’étais même 69e, à ma meilleure position (non, n’y pense même pas, pas de commentaires salaces, merci). Les premiers de la course font essentiellement partie de la catégorie des seniors (de 23 à 39 ans), donc des jeunes, avec un cardio au top... C’est pourquoi, même en terminant très loin, un podium est toujours possible pour les anciens.

Un trophée précieux pour un Templier

Les athlètes sont gâtés au festival des templiers. Entre t-shirt, gilet/nuisette de finisher, buff, médaille et autre sac, les lots ne manquent pas. Par catégorie d’âge, le prix remis est un trophée en terre cuite et en peau d’agneau, très bel objet, à exposer à la meilleure place. Que de beaux souvenirs ! Bon les Vegans feront un peu la tête, la contribution des animaux est incluse, mais en même temps, cela fait 2.000 ans que ces objets traditionnels sont ainsi confectionnés. Respect à l’Histoire avant tout.

Templier d’un jour, templier toujours. Bilan

Une course exigeante, mythique, à faire, sans conteste. Je comprends pourquoi. Organisée aux petits oignons, bénévoles d’une gentillesse et d’une empathie hors norme. Dotés en plus d’un accent légèrement chantant, c’est juste merveilleux de douceur. Ce n’est pas pour faire de la discrimination glottophobique positive (maintenant que je connais le terme...), mais pour le parigo, tête de veau, que je suis sensé être, cela fait un grand bien. Nous avons bénéficié de conditions météo largement favorables et d’une ambiance fort sympathique.

  • Un seul bémol

La fin du parcours (montée en pierres de la Cade et une partie de la descente du CAF) est dangereuse pour l’intégrité physique des athlètes, juste "technique" diront les amateurs chevronnés, juste "merdique", diront les tocards comme moi. La course à pied n’a pas sa place sur cette fin de parcours. Or, pour un coureur à pied, ne pas pouvoir courir, c’est de la frustration en barre. C’est un bon parcours de randonnée, à faire en famille, si on souhaite se débarrasser de sa belle-mère, mais sans plus. Je n’avais jamais fait de pool dance comme cela en pleine nature, auparavant. Mais du coup, je vais peut-être m’y mettre... Au bois de Boulogne ?

Un grand Bravo à tous les Templiers, quelque soit le kilométrage, le dénivelé, le nombre de bières bues, le respect ne se doit pas, il se mérite, et il est proportionnel au temps passé sur le champs de bataille ! Templier d’un jour, Templier toujours !

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