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SaintéLyon 2017, neige, froid, bouchons, verglas, chutes... Une édition plus que complète !

Course historique, 64e édition, la SaintéLyon n’en est pas pourtant pas un raid pour les vieux. Le tocard âgé que je suis, s’était stupidement mis en tête l’idée de courir cette classique le 2 décembre 2017, un raid nocturne allant de St Étienne à Lyon, via les monts du lyonnais... Une belle ballade au clair de lune, dans le froid, face au vent glacial, sur la neige fraîche et cet inoubliable ennemi le plus souvent invisible, le verglas...

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Un chrono de 8h21, 21e master 2, 473e au scratch. Et si c’était à refaire ? Sans moi ! Des conditions de départ totalement ubuesques !

SaintéLyon : de St Etienne à Lyon, par les monts du Lyonnais, 72km, de nuit, dans le froid, mais si loin d’être seul au monde...

L’intérêt de cette course réside essentiellement, paraît-il, dans le fait qu’elle se déroule début décembre, la nuit. Début décembre veut dire que la météo peut être terrible, pluie froid, neige, glace, les anciens ont tous des anecdotes douloureuses à raconter. La nuit, car c’est plus marrant. Et puis cela permet de voir les lumières de Lyon au petit matin... Enfin pour celles et ceux qui y arrivent.

2017 aura été une année neige & le froid. Ne jouons pas les super-héros, la neige n’était pas en grande quantité, rien à voir avec l’Alaska, mais tout de même en quantité suffisante par endroit pour avoir à "pédaler dans la semoule", sans véritablement avancer, sur quelques passages. Côté froid, un -7 degrés bien taquin était affiché au plus froid du parcours, avec un vent bien sympathique, faisant inscrire aux sites de météo un -13 degrés ressentis. Rien qui, sur le papier, peut faire peur aux vaillants soldats de l’effort que nous sommes... Humm.

Une course en pente favorable, puique les 2.000m de D+ sont largement compensés par les 2.400m de D-

Donc aucune excuse... Les 2.000D+ passent bien, les cotes sont courtes et l’alternance montée/descente est équilibré. Pas de souci.

Mais avant de s’attaquer à ce parcours, des efforts sont déjà à effectuer avant le départ prévu à minuit... Nous partîmes donc d’un endroit ô combien magique : le château de la Belle au Bois dormant (ouais, Marne la vallée quoi...) pour nous rendre à Lyon, puisque le départ de la course est à St Étienne, logique. Arrivé à Lyon Saint-Exupéry nous prenons cette fantastique liaison Rhone-Express, dont le design n’a rien à envier aux trains russes des années 1940. Ne jamais faire bosser les stagiaires sur le design les gars... On vous l’avait pourtant dit ! Et le pire est que ce sont les mêmes stagiaires qui ont sans doute conçu la gare TGV de Lyon, il y fait un froid de canard, ce hall est juste une mise en condition de la SaintéLyon.

Avant le départ de St Étienne, il faut aller à Lyon chercher son dossard

Très énervant de perdre 2 heures dans un centre commercial pour aller chercher son dossard...
El Tocardo

Aller chercher son dossard à Lyon, subir la sempiternelle zone commerciale pour prendre son dossard. Monter dans le bus pour St Étienne, 1 heure à peine de trajet, et entrée dans le parc des expositions pour 3 à 4 heures d’attente interminables.

  • Ras le bol de ces parcours du "combattant" pour aller chercher son dossard

Rien de mieux pour m’agacer que ce chemin de croix commercial pour le flux d’athlètes allant chercher leur dossard. Vous l’aurez compris, je ne suis pas fan de cet effort d’avant course. Inutile pour moi, car je ne compte jamais m’acheter le moindre équipement ou aliment à la dernière minute. Gérer c’est prévoir... El Tocardo gère tout... Humm. Suffit de lire la suite pour comprendre que le tocard a cependant quelques failles.

Marcher à 2km/h dans le bruit assourdissant d’une halle commerciale, surchauffée, alors que vous portez votre sac de sport rempli à ras bord, êtes habillé avec des fringues pour affronter un -20°, un bonnet léger passe-partout très discret, c’est un peu gonflant. Surtout qu’avec les nécessaires consignes de sécurité, vous avez tout déballé dehors au froid, et remballer une nouvelle fois. Une opération que vous devrez refaire en arrivant à St Étienne pour les mêmes consignes de sécurité.

  • Suggestion n° 1 ? Pouvoir prendre son dossard à St Étienne, se rendre ainsi d’Ile de France à St Étienne directement, et éviter de perdre 2 heures dans un centre commercial... J’dis ça, j’dis rien. Encore une remarque de parigo... Tête de veau.

Dossard pris, en route avec le bus (moyennant 13€), un peu de repos, bus bien chauffé, limite trop... Mais bon, le trajet m’a paru court. Pendant ce temps-là mon voisin de voyage matait le naufrage du PSG face à Strasbourg, le WE commençait bien... (Allez l’OM ! Non, je ne l’ai pas dit !). Arrivée au parc des expos à St Étienne, pas glop, pas glop, les ennuis commencent...

Attente dans le hall du parc des expos à St Étienne

Après avoir redéfait tout votre sac pour passer la barrière de contrôle, vous entrez dans la grande hall du parc des expo. Une vague odeur d’urine vous accueille. ça commence fort. Heureusement, des valeureux athlètes expérimentés nous avaient indiquer un tuyau important : prévoir de quoi s’allonger au sol, car le revêtement c’est du goudron, la température dans ce hall doit tourner autour des 16/17 degrés, bref, que du bonheur. Nous avions donc trimbalé des matelas de pilâtes, afin de nous allonger, mais rechercher le sommeil dans un tel brouhaha, avec un speaker qui vous hurle dans les oreilles, sur fond de musique écrite par le même stagiaire qui a conçu le design de la ligne Rhône-Express, ce n’est pas vraiment possible.

Si au début, nous avions un peu d’espace, au fil des heures, ce hall devient un vaste champ de sportifs allongés, en quête de repos avant la course.

Pasta Party, bien !

Efficace, et pas mauvais ! Une bonne note même ! A partir de 19 heures était servi la pasta party. La longue file d’attente laissait penser que ce serait encore un moment douloureux, mais la bonne surprise fut au rendez-vous. Équipés de sac pic-nic en papier, nous parvînmes rapidement à être servi et ainsi pouvoir engranger ce très recherché glycogène avant l’épreuve de la nuit. Une portion de fromage ainsi que deux bananes venaient compléter ce repas d’avant-course.

Top départ : des vagues qui font plus de remous que créer du courant...

Hormis les 150 pros (élites), les athlètes et autres tocards du samedi soir, dont je fais partie, sont priés de se regrouper en vagues de 1.500 personnes environ. Le bon sens voudrait que ceux qui courent le plus vite partent dans les premières vagues. Que nenni. Ceux qui partent en premier sont ceux qui acceptent d’attendre plus longtemps que les autres dans le froid. En clair, ces vagues n’en sont pas vraiment. Si vous souhaitez faire un chrono, sans même jouer la gagne, sans être dans la première vague, n’espérez pas pouvoir courir à votre rythme après avoir passé le ravito de Ste Catherine, soit au 20e km ! Du jamais vu. Lyon est réputée pour ses bouchons (sur l’A6, mais aussi pour ses p’tits restau :)), la SaintéLyon est aussi réputée pour ses bouchons. Infernal. Une vraie misère. Et quand tu te traînes à 13km/h en côte à 15%, je peux te dire que tu as froid... Pff, j’déconne. Nan, par contre, c’est vrai que c’est super pénible de courir au train de la course aussi longtemps. Et pour ceux qui arguent que tu as le temps de t’exprimer dans la suite de l’épreuve, c’est qu’il nous pas compris ce que veut dire courir à son rythme... En courant les 20 premiers kilo moins vite, tu ne peux pas courir les 50 suivants plus vite que ton rythme...

  • Suggestion n°2 : ok pour les vagues, mais à l’inscription les coureurs choisissent pour leur objectif de chrono, et les 2 premières vagues sont soumises à justificatifs de performance.

Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir attendu si longtemps dans le froid ou pas, mais toujours est-il que ceux de la première vague n’allaient pas bien vite. Les 7 ou 8 premiers kilos sont sur de la route, 2 voies, et passer le cap des 12km/h est facile.

El Tocardo a toujours la forme, et la barre de plus en plus dure !

Et oui ! N’est pas El Tocardo qui veut ! Par moins -7°, pas si facile que cela d’avoir la barre dure. Et bien si ! Le tocard moyen place toujours ses barres de céréales au devant de son gilet de camel back. Ainsi, avec une telle température, il sera certain de ne pas pouvoir se restaurer, impossible de croquer dans cette barre de céréales complètement gelée. Dis-donc, tu as l’air déçu(e) ? Tu pensais à quoi ?

Ni nourriture, ni boisson, pas de bras, pas de chocolat

C’est à cela que l’on reconnaît les vrais tocards... Non seulement, par températures négatives, ils placent leurs nourritures devant eux, au plus froid, mais leurs boissons sont également positionnées à l’exposition du vent glacial, comme cela, c’est impossible à boire. Donc ils traînent pendant 72 km 2 litres de glace et 8 barres de céréales totalement inutiles, bravo ! Heureusement, tous les 10 à 12 bornes, l’organisation de la course à prévu des solutions de repli pour ces rescapés de la vie, pour qui survivre dans un monde qu’ils ne comprennent pas, tient du miracle...

Une grande solidarité entre coureurs

C’est bien connu, plus une course est difficile et plus les coureurs sont solidaires entre eux. Autant dire que sur cette édition 2017, tu étais à peine tombé sur une pierre, dû à un verglas, omniprésent dans les descentes, que tu avais au moins 3 athlètes à ton chevet, pour te demander si ton intégrité physique avait été respectée lors de ton magistrale soleil. A ma seconde chute, je n’ai pas eu le temps de tomber que déjà l’on me demandait si j’aillais bien... Toujours est-il que cette chute aurait du être filmée... Tomber dans un devers, tête en avant, dans un amas de ronces et de neige... Telle une tortue sur son dos, les pieds vers le haut, et sans appui au niveau des mains, je gisais la face plongée dans la neige, en bougeant des membres afin de montrer une présence de vie humaine dans ce qui devait ressembler à un sac poubelle abandonné. Deux valeureux athlètes m’ont extirpé de cette mauvaise passe, en me tirant sur les jambes, me permettant de perdre mon bonnet et ma frontale dans le merdier. Après quelques dizaines de secondes seulement, je repris mon esprit endormi et me réveilla, ce n’était donc pas un cauchemar, je suis bien partie prenante de ce drame.

  • Suggestion n° 3 ? Signaler les zones principales de verglas, pour éviter les relayeurs qui arrivent à 13km/h en descente fassent des strikes avec les coureurs solo qui descendent en marchant, car ils n’ont plus la souplesse suffisante dans les jambes pour se prendre une nième gamelle.

Quand c’est difficile, tu fermes ta gueule, et tu cours...

Le pire dans une course, c’est le mec qui vient te dire que c’est difficile, alors que cela fait 3 heures que tu essaies de te dire que c’est fastoche la brioche pour tous, et que toi, pauvre tocard, tu en chie comme un berger slovaque gardant les chèvres dans le haut Caucase (ouais, je sais, c’est une traduction automatique de google translate, mais c’est bien un proverbe qui existe...).

D’ailleurs, lors de la course, hormis des clowns comme moi, qui tente vainement de mette un peu d’ambiance, personne ne parlait. Silence radio. Les seuls mots étaient : ça va ? t’as mal où ? J’appelles les secours ? Quand un des nôtres étaient à terre, tombé à la suite d’un pied posé sur une de ces mines gelées posées par cet ennemi invisible venu du Nord. ici, les mines ils les appellent le verglas. Winter is coming... Et John Snow n’était pas des nôtres ce soir-là...

Penser à Daenerys avant de mourir...

Rompu à me coucher avec les poules (pondeuses... !), je fus fort dépourvu quand 4 heures du matin fut venu. Une terrible fatigue m’envahit. Je décida alors de boire ce détestable café servi au ravito. Et bien, contre toute attente, ce premier me fit du plus grand bien, car la fatigue se dissipa rapidement, comme le brouillard givrant au sommet du parcours.

Evidemment, les km s’enchaînement, rien de bien passionnant, un regard de temps à autre sur cette longue file de lampes frontales, c’est joli, mais sans plus. Cela ne vaut pas le coup de se cailler toute une nuit. Je préfère de loin un beau levé de soleil. Le parcours est parfois ludique, les cotes ne sont jamais bien longues, les 2.000m de D+ passent comme une lettre à la poste. Certaines descentes sont vraiment fortes, je suis obligé de retenir mon poids, c’est bien rare...

Les 20 derniers km sont de la rigolade...

Ne t’emballe pas, c’est juste une image d’illustration, le parcours, ce n’est pas comme ça !

Les 20 derniers kilomètres sont en grande partie sur du bitume, pas grand intérêt, mais cela permet d’améliorer la moyenne horaire, car durant les chemins, entre les côtes et le verglas dans les descentes, ce raid nocturne s’est transformé pour moi en une randonnée en petite montagne. Alors que tu dois terminer les 20 dernières bornes sur du bitume, tu te dis que cette course est décidément bien étrange. Tu regrettes de ne pas avoir opté pour tes chaussures de route, comme de toute façon, sur du verglas, tes trails ne tiennent pas mieux. Mais c’est ça l’expérience...

A l’arrivée, ni médaille, ni t-shirt de survivant, mais une bise au speaker et un t-shirt de finisher... Bien aussi, mais...

Après 8h21 de course, ayant eu la dalle toute la nuit, je n’ai aucune envie de faire la vise au speaker en ayant franchi la ligne d’arrivée. J’attends ma médaille et n’ai qu’une envie, rentrer chez moi ! Et bien, pas de médaille sur la SaintéLyon. Un t-shirt de finisher (un de survivant aurait été plus adapté), c’est mieux que rien, mais mon placard de t-shirt de finisher n’est pas celui que je scrute à chaque fois que je vais me prendre un café au bureau pour refaire le plein de motivation. Dommage.

  • Suggestion n° 4 ? Les athlètes qui participent à ce genre de course ont suffisamment d’expérience pour avoir un placard rempli de t-shirt de finisher. Pour une course aussi renommée, une médaille, une médaille... ça se conserve, ça s’expose... Ou donner le choix aux finishers : médaille ou t-shirt.

Pas une nuit folle, mais un petit matin très calin...

Tu fais la bise au speaker et tu vas prendre ta douche avec 50 mecs...Vraiment pas une nuit folle à la SaintéLyon... Mais la course se rattrape bien à l’arrivée. La bise au speaker, je l’ai évitée... Faut pas déconner non plus. J’avais la douche à prendre, et à la SaintéLyon, les douches, c’est quelque chose de sympa pour un mec pudique comme moi. Douches collectives, ok, vu le nombre de gars à faire défiler, mais là, c’est l’usine, une salle entière de bellâtre en train de faire tremper leur baramine sous l’eau chaude pour lui redonner une forme reconnaissable après cette nuit glaciale (oui, je parle surtout de moi...). Surtout de ne pas faire tomber son gel douche. Sortie sous la tente vestiaire pour se rhabiller, environ 10 degrés. Brrrr....

Repas d’arrivée offert

Nouilles asiatiques, avec eau chaude, légumes, portion de camembert, 2 clémentines. 1 verre de bière. 1 bouteille d’eau, plate ou St Yorre. Rien à dire. C’est offert :)

Bénévoles et spectateurs : pas froid aux yeux ni ailleurs du reste...

Courir toute la nuit, c’est une chose, mais rester en statique toute la nuit le long du parcours pour applaudir et encourager ces forçats du raid, c’est autre chose. Des familles entières le long du parcours pour regarder passer les 17.000 coureurs de cette course, respects.

Comme toujours, des bénévoles attentionnés, prêts à vous aider, quand avec vos mains gelées vous n’arrivez plus à fermer votre fermeture éclair (du sac à dos...). Des ravitos un peu bondé, parfois les pieds dans l’eau, du chocolat gelé, mais l’essentiel est là, la survie est permise.

Bilan

Vraiment satisfait de l’avoir courue, d’accrocher cette classique à mon tableau de chasse, des souvenirs inoubliables, des gamelles, mais aussi des pleurs, des doutes, et une rage de vouloir sortir du calvaire. Ce sera sans moi pour l’an prochain. Je ne reviendrai sur cette épreuve qu’à condition de changement des départs par vagues, avec justif. de perf., les bouchons, que ce soit à Lyon ou à St Étienne, ça me refroidit direct.

Après 8h21 de grelottante, El Tocardo arrive pour prendre une bonne doudouche...
El Tocardo

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