Non, rassurez-vous, je ne vais pas écrire un énième journal d’un confiné lors de cette pandémie du coronavirus, quel en serait l’intérêt ? Plusieurs millions sont déjà en ligne. Et comme nous vivons tous la même chose. Voici donc plutôt le journal d’un confini dans cette ipisode plus que dramatique : codiv-20, le retour, ou comment le don de mon corps aux navires russes va relancer la guerre du tapioca en Indonésie du Sud. Pangolin tiens-toi bien.
Le scénario improbable d’une mauvaise série catastrophe
Tout a débuté par une mauvaise grippe en Chine, dans une ville dont bien peu d’entre nous avait déjà entendu parler. Mais la Chine, c’est loin, avec beaucoup de Chinois. Aucun vrai risque pour nous. [Crescendo de musique angoissante, violons stridents]. Des premiers cas sévères de coronavirus en Italie. Le match de la coupe de ligue PSG-Lyon est reporté. C’est trop ! Il est maintenant évident qu’une catastrophe majeure va se produire. Les théories du complot se multiplient. La peur est à paroxysme. Les mâles dominant se pissent dessus. Si même les supporters ne sont plus autorisés à se rendre aux matchs de foot, c’est que la fin du monde est proche. Le film, enfin la série, commence ainsi... Insupportable d’angoisses. Vivement l’épisode 2. Covid-20 is back, et il n’est pas content, te souviens-tu ?
Veille de déclaration de la guerre
La France entre en guerre contre le "virus chinois", aime à le rappeler le grand guignol américain. Notre (...)
Corps aux navires russes, drôle de nom pour une maladie
Je ne sais pas qui a eu en premier ce virus, ou est-ce un problème insoluble comme celui de l’œuf et la poule, mais il doit bien y avoir quelqu’un qui a chopé ce truc en premier. Mais quelle idée ? Bonjour, le bazar. Les médias en quête d’audience ont tout de suite pris la mesure du cataclysme mondial qui allait venir. La fin du monde était programmée. Il ne nous restait plus qu’à mourir la tête haute, sans masque, ni gels hydroalcooliques. Quelques malins avaient toutefois tentés de boire plus de gels hydroalcooliques que de raison. Histoire de se prémunir de ce virus. D’autres s’étaient empresser de prendre de la chloroquine, d’autres de boire de la pisse de rat. Même le médium marabout Mr M’bouckar, qui avait pourtant prédit la victoire de l’équipe de France de foot au mondial 2018 n’avait pas la solution. C’est dire. Notre Président s’empressa alors de terroriser les Français, le drame s’abat sur la planète. Un virus dont on connait tout depuis 2002, mais contre lequel on ne peut lutter, car tout le monde s’en branlait à l’époque, allait dévaster notre monde consumériste.
Les bons, les putes et les truands, le terrain de jeu des réseaux sociaux
L’ami pangolin, je t’aimais bien. Braconné et accusé de tous les maux, alors que cet animal n’y est pour rien, évidemment. Ce sont les crétins qui le braconnent qui sont responsables. Cet animal en voie de disparition. Sur les réseaux sociaux, c’est le pangolin qui est désigné comme l’origine de la transmission de ce virus à l’homme.
Les bons, continuent d’égayer les réseaux sociaux sur la base de blagues potaches. Ce n’est certainement pas sur fessebouc que l’information peut être sérieuse. Un peu sexy, un peu d’auto-dérision, tout ce qui fait que l’on se sent bien vivant.
Les putes cherchent à encaisser un max de fric. Profiter de la détresse et de la peur de ses congénères. Vas-y pour le vol de masques d’un côté, je te vends du faux gel hydroalcooliques sur Amazon. Télécharge ma super appli qui va te dire où sont les personnes contaminées...
Et les truands restent les plus nombreux. Les manipulateurs d’opinion, vas-y je prends une bride d’information, sortie de son contexte, factuelle, et puis je l’interprète à ma sauce. Le royaume de la fakenews, des faux sachant, des demi-experts et autres abrutis.
Une ultime partie de la sphère des réseaux sociaux sont les donneurs de leçons. Je fais ainsi, donc cela m’agace que l’autre ne fasse pas de même. Ai-je tort ou raison, peu importe. La limite est fixée par la loi, non pas par les donneurs de leçons sur les réseaux sociaux. Le jugement populaire du like est celui du pangolin au pays des virus, les mots sont là, mais cette phrase n’a aucun sens. Ben non... Et alors ?
Y’a plus de PQ, vous allez pourtant en chier !
Plus de PQ. Je ne sais pourquoi, le réflexe d’un citadin, en cas de panique, c’est d’acheter du PQ, des pâtes, du riz, des flageolets et de la farine. Que des trucs qui constipent, et ils se ruent sur le PQ. Bizarre. Personnellement, je serai plutôt orienté vers les fruits secs, les légumes verts, le chocolat... Bref, à chacun son truc. Toujours est-il qu’en 2020, nous ne recevrons plus notre déclaration de revenus par courrier postal (300 tonnes d’économie de papier selon le gouvernement, cela en aurait fait du PQ...), donc il faudra bien se torcher avec quelque chose. Vous avez sans doute bien quelques livres inintéressants dans votre bibliothèque. Mais, je corrige, non, ce n’est pas le contenu du livre qui doit guider votre choix, mais bien la qualité de son papier, pour l’effort que l’on va lui demander. Souple, absorbant mais pas trop, et puis au format A5, c’est bien. Encore une fois, notre société du numérique va s’arrêter au pied du mur, se torcher avec un ipad est quand même bien plus délicat. Et puis cela va boucher le siphon... Et qui devrait encore déboucher le truc ? Ouais... bon alors. Un bon bouquin ou alors à l’ancienne. Avec nos mains pleines de doigts... L’inspiration aux 7 saveurs. La pratique des grands chefs, celle qui donne du goût aux aliments...
La chloroquine va nous sauver, le peuple l’a décidé sur fessebouc !
Les tarés de fessebouc avaient pourtant la solution sous leurs yeux. Après un test sur 24 patients, la chloroquine semblait guérir 75% d’entre eux. Les groupes FB se créaient donc en demandant au gouvernement de donner de la chloroquine à tout le monde en urgence. Bien-sûr. Effets secondaires, tests et autres protocoles médicaux devaient passer en second plan. Le but étant de sauver le monde, peu importe les détails. Pendant ce temps, la grippe saisonnière avait tué entre 6.000 et 10.000 personnes l’année passée en France. Et alors ? Mais puisqu’on vous dit que cela n’a rien à voir. Enfin ! Arrêtez donc de relativiser. Le coronavirus, c’est le diable incarné. Il faut prendre 600mg d’hydrochloroquine par jour pendant 6 jours, et hop, on est guéri. C’est le Professeur Raoult qui l’a dit ! Et comme il aime à le dire, on ne va pas tester l’efficacité d’un parachute, 50 sautent sans et 50 avec, et puis on compte les morts à la fin. ça marche ! J’adore cette vision scientifique et rationnelle des choses. L’avantage est que celle molécule est du domaine public, c’est peu ou prou de la quinine... Il est où le souci alors ? Pourquoi le monde s’arrête-t-il pour si peu ?
Mais pourquoi diable confondre l’hydroxychloroquine et la chloroquine ?
C’est un peu comme confondre un gel hydroalcoolique avec de l’alcool ? Des groupes de soutien sur Fessebouc sont lancés tous azimuts, en soutien au sulfureux Professeur Raoult de Marseille. Ce dernier affirme que le coronavirus c’est du pipi de chat. Cela ne va pas faire changer le taux de mortalité en France. Il faudrait que l’épidémie tue plus de 10.000 personnes en France pour que cela se voit dans les stats, au même niveau que de la grippe, dont tout le monde se branle portant chaque hiver... Et après l’on s’étonne que le gouvernement n’ait pas donné les clés de la pharmacie du pays à ce Professeur. Sur fessebouc, il sont des centaines de milliers experts en médecine, apparemment, à ne jurer que par lui. Il a prouvé, sur la base de 24 patients des résultats très prometteurs. Peu importe le protocole a mettre en place pour convenir d’une conclusion. Les groupes de soutien Fessebouc avaient décidé, il fallait l’appliquer sur l’ensemble de la population, et ce, sans délai. Les Français savent-ils que 1.670 personnes meurent par jour en France ? (et ce ne sont pas les mêmes chaque jour, mais des personnes différentes, si si... Certains d’entre vous auraient posé cette question).
Apéro au Quinquina tous les soirs à 20 heures
La chloroquine n’est que grossièrement que de la quinine. Et quelle boisson contient de la quinine ? Ben tiens ! Rien de tel qu’une bonne vieille bouteille de Quinquina. Et il se trouve qu’une vielle caisse de Quinquina reposait sous un stock de vieilles bouteilles de Bordeaux. Donc tous les soirs, c’est Quinquina bar. Bon, je vous rassure, c’est mauvais au goût. Une vraie purge. De plus ces bouteilles ont plus de 40 ans... Le dépôt est conséquent, mais bon... ça marche, toujours pas malade. Juste une super diarrhée et comme nous n’avons plus de PQ, forcément, cela a tendance à marquer. Alors mon test scientifique est validé ? Appelez-moi Professeur Tocardo !
L’invention ultime : les attestations de déplacements
En France, nous n’avons pas de pétrole, et pas d’idées non plus. Nous ne faisons donc que reprendre ce qui ce fait dans nos pays voisins. Ces attestations de déplacement, que l’on remplit soi-même pour son propre compte sont stupides. Peu importe. Il convient d’en effectuer à chacun de ses déplacements. L’idée étant que cela est tellement pénible que les gens vont prendre conscience que cela n’est pas bien de sortir de chez eux.
Côté employeur, c’est déjà plus sérieux. Pour les salariés ne pouvant buller tranquillement chez eux en télé-travail, il faut bien continuer d’aller bosser. Et parfois dans des conditions bien délicates. Quand on est hôtesse de caisse dans une grande surface, ce n’est quand même par super sympa comme période.
Restez chez vous !
Souvenez-vous. C’était le mot d’ordre du Front National depuis des années. Les adorateurs de l’ordre blanc jubilent. "Nous avions donc raison depuis tant d’années...". Macron le dit aussi, "Mais putain, restez chez vous !" Tout comme pour la chloroquine, l’élite des Français avaient donc la réponse avant le monde entier. Le tic-tac de la fin du monde avançait. L’heure du jugement dernier. Avoir raison permet-il de mourir plus sereinement ?
Malheureusement, on ne les a pas écouté. Pour ma part, j’ai tenté de savoir ce que "Restez chez vous" voulait vraiment dire. Chez Vous est une chaîne de brasseries. J’ai appelé afin de réserver plusieurs jours. Mauvaise surprise. L’on m’a répondu que "ce n’est pas un hôtel et le restaurant est fermé pour cause de confinement". Il faudrait savoir. Rester chez vous n’est donc pas possible. Par la suite, un ami m’a confié le sens réel du message : "il faut rester chez toi ! Putain, faudrait savoir, ce n’est pas chez Vous, mais chez Toi qu’il faut aller". J’ai donc appelé l’hôtel Chez Toi. Même réponse, fermé pour cause de confinement. Les messages ne sont pas clairs. Dans le doute, je reste donc à la maison.
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