European EcoTrail 80km Tour
Le titre en jette, hein ? Ouais, bon, on ne s’affole pas. Il s’agit juste de courir tous les écotrails 80km proposés en Europe afin de décrocher le trophée ultime, le saint graal des EcoTrails, (...)
El Tocardo
En ce 9 novembre 2019, se courait l’écotrail de Madrid. Un parcours varié proposant le meilleur comme le pire. Le plus facile comme le plus casse-pattes, le plus beau des chemins, comme le pire. Du côté de la météo en cette édition 2019, le beau soleil du départ laissera progressivement la place au vent glacial et aux nuages, pour terminer avec une pluie battante, assurant une arrivée en hypothermie au centre de Madrid.
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Après avoir couru 2 fois l’écotrail de Paris, la curiosité avait poussé El Tocardo à découvrir l’écotrail de Madrid, lors d’un cours WE dans la Capitale Espagnole. Le site officiel des écotrails étant de plus en plus garni, les opportunités de découvrir des capitales européennes en courant foisonnent. Madrid est une ville splendide, une très belle surprise. A découvrir sans modération.
Le renommé groupe international de marcheurs nordiques March’ou Rêv s’était inscrit à la marche nordique de 21 km de cet éco-trail. Sous la contrainte du calendrier, c’est donc fatigué, seulement 3 semaines après la diagonale des fous, qu’El Tocardo allait vivre cette aventure. Lever à 3h50 le vendredi matin pour aller prendre un avion pour Madrid à 6h20, avec la compagnie Transavia (Arg... je ne suis vraiment pas fan... avec ce sketch pour les bagages). Arrivés à Madrid, le temps de prendre les clés du logement, de découvrir les premiers lieux touristiques, de déguster une première tortilla, un premier gâteau au chocolat, et hop, hop, il faut aller chercher le dossard.
Cette course part du château de Mazanarès El Real et se termine au coeur de Madrid, sur la place où se situent les 4 plus grandes tours de la capitale. Visibles depuis 75 km à la ronde, les coureurs vont donc pouvoir voir l’arrivée pendant une grande partie de la course. Si vous avez l’impression à l’éco trail de Paris que la tour Eiffel ne se rapproche jamais sur les 10 derniers km, imaginez sur ces 80 km... Vous allez déprimer pendant quelques heures. Le mieux sera donc de ne pas regarder en direction de ces tours. Côté dénivelé, la difficulté s’annonce comme étant similaire à Paris, de l’ordre de 1.100m de D+. En réalité, Madrid est bien plus casse-pattes que Paris. Alors qu’à Paris les cotes sont raides, mais courtes, espacées de tronçons de plats, à Madrid, la seconde partie de parcours n’est qu’alternances de petites cotes/descentes, des relances à effectuer toutes les 4 ou 5 minutes. Usant.
Le retrait des dossards est prévu le vendredi, entre 12 et 14 heures et de 16 heures à 21 heures. Comme tous bons Français qui se respectent, nous arrivons au retrait des dossards à 14 h 10, donc bien en retard. Le retrait des dossards a lieu bizarrement dans un hôtel, le Nyx à Madrid. Arrivés dans le hall de l’hôtel, c’est simplement une petite affichette qui signale le bureau où retirer les dossards. Après quelques pleurs (...), le responsable consent à nous laisser retirer nos dossards. Une exception culturelle française reconnue au niveau international. Pas le temps de recevoir toutes les explications concernant la course. Une jeune fille me donne deux fois le même dossard (?), mais aucun sac officiel pour la "base vie" se situant au 43e km du parcours. Première surprise. Je prépare donc mes sacs, et suit mon protocole habituel de veille de course : 500gr de pâtes al dente, 250gr d’emmental râpé, et 800gr de chocolat noir aux noisettes avalés en 30 minutes chrono (j’exagère sensiblement...).
Deuxième nuit courte pour El Tocardo. Les poches à eau sous les yeux étaient donc bien remplies. Ici, comme pour l’écotrail de Paris, il faut utiliser les transports en commun afin de se rendre sur le lieu du départ, le magnifique château de Manzanares El Real. Je prends donc le métro pour aller à la Place de Castille afin de prendre le bus prévu par l’organisation. Il fait froid, près de 3°C, mais le pire est bien ce vent, glacial. En attendant le bus, je reste donc le long d’un vendeur de churros, avec sa gamelle pleine d’huile bouillante d’une dizaine de litres, si l’odeur de friture est assez désagréable à cette heure, la chaleur qui s’en dégage reste la bienvenue.
A 7 h 25 le bus arrive. La masse humaine s’approche de la porte, de façon totalement désorganisée, nous sommes bien dans un pays du Sud :). Je réussi tout de même à monter, bien qu’étant parmi un des premiers à être arrivé sur place.
Après 30 minutes de bus, nous arrivons, sous le soleil dans le village du départ. Les collines avoisinantes sont couvertes de neige. J’ai eu peur que le départ ne s’effectue sous la neige, mais fort heureusement rien de tout cela. Arrivé sur place, je ne comprends pas grand chose, ne parlant que 3 ou 4 mots d’espagnol. "Pablo, tranquillo", et d’autres répliquent que je peux écrire sur mon blog, afin qu’il ne soit pas classé comme site pour adultes. Ces expressions que tous ceux qui ont regardé la série Narcos sur NetFlix connaissent par cœur.
Un vestiaire est mis à disposition des athlètes, il est chauffé, cela fait du bien. Il s’agit ni plus ni plus du vestiaire du stade de foot de Manzanares El Real. Vous pouvez déposer deux sacs à la consigne (en fait, il s’agit d’un petit camion, dans le lequel vous déposez vos sacs, un lien avec votre n° est fourni avec votre dossard). Par la suite, il faut passer le contrôle des sacs à dos. Et c’est là que Tocardo a compris qu’il n’avait rien compris. Les deux dossards donnés sont à mettre sur soi. Un devant, et un sur le sac à dos derrière. Le dossard contenant la puce chronométrique doit être devant. Ayant aucune explication, je pensais donc à tort que le second dossard servait lors de son changement de tenue à la base vie du 43e km, je n’avais pas fait attention que les 2 dossards n’étaient pas exactement identiques.
Après donc m’être fait refoulé une fois du contrôle, je remets tout en place correctement, et repasse avec succès le contrôle. La liste des éléments obligatoires est classique (mais la veste imperméable est vraiment bien vue...) et ne comprenant pas bien l’espagnol, mon contrôle fut sommaire, l’eau et la nourriture seulement. D’autres coureurs ont eu à montrer l’ensemble des éléments, lampe frontale y compris.
L’heure tourne vite finalement. Sous un beau soleil est une absence de vent (pour le moment), la course s’annonce bien. Il fait frais, mais je me surprends à ne plus claquer des dents. Sont-elles tombées ? Ou ai-je déjà moins froid ? J’arrive à manger un bout de cake au citron acheté la veille, confirmant ainsi ma seconde hypothèse. Avec deux autres Français nous faisons connaissance, la Bretagne est visiblement fortement représentée sur cette course. Nous sommes 14 Français inscrits portant haut et fort nos couleurs. Nous nous dirigeons vers la ligne de départ, je suis surpris, peu de coureurs. Nous ne sommes pas 300 au total, j’en doute, cela me surprend. Après un long laïus sur le balisage, en espagnol, en français et en anglais (bravo !), les instructions sont claires. L’angoisse de se perdre sur le parcours est forte, ne parlant pas la langue du pays.
C’est parti ! Sans surprise, pas mal de jeunes, ça part très vite devant. Je sais que nous allons franchir la plus grande cote du parcours dans les premiers km, ce sera une bonne chose de faite. La cote arrive dès le 2e km. Rien de bien difficile, mais cela grimpe pendant suffisamment longtemps, je continue tout de même de courir. Après la Réunion, je ne fais pas faire ma "tafiole" quand même. Le palpitant est au max. mais je tiens à ne pas céder, non, je ne marcherai pas !
Les 20/25 premiers kilomètres sont agréables, sous ce soleil, c’est top. Le premier ravito est au km 17.7. Il ne s’agit que deux bonbonnes d’eau. Le ravito suivant proposera quelques éléments solides à manger. J’avance vite, trop vite ? Nan. Je prends même du plaisir... Incroyable. Pour le moment, seule ma cheville droite me rappelle la chute subie à la Réunion.
Le parcours est ludique, l’on traverse une rivière à gué, au moins 5 ou 6 fois, mais c’est sympa. On peut courir tout le temps et même narguer certains VTTistes qui visiblement ont du mal dès les premières cotes. Tout va bien jusqu’à mi-parcours.
Km 43. La "base vie’ tant attendue afin de se changer, n’existe en fait pas vraiment. Le véhicule utilitaire contenant les sacs donnés avant le départ est bien là à côté du ravito de campagne. Le sac vous est donc donné, mais vous êtes au sommet d’une colline, fortement exposée au vent. Difficile de se changer sans prendre froid. Donc je renonce. Je prends deux barres énergétiques, et repars donc fortement déçu. Une tente aurait été bien vue, mais bon, facile à dire et sans doute pas facile à organiser. La critique est facile...
Au fil des km, la qualité du parcours se dégrade. Assez peu de villes à traverser, à peu près comme à l’éco trail de Paris, mais le souci est avant tout qualitatif. Nous entrons dans une zone militaire ou ressemblante. Nous suivrons une ligne électrique à haute tension pendant trop longtemps à mon goût. Je pense, en plaisantant, qu’il ne faut pas être électro-sensible pour effectuer cette course.
Et puis le drame. Nous longeons une autoroute, avec un péage. Cette portion ne fait que quelques centaines de mètres, mais des bouts de métaux sortent du sol (anciens pieds de panneaux de signalisation, une voiture accidentée dans le dévers), nous longeons la glissière de sécurité de l’autoroute. Comme aucun balisage n’est présent, je suis certain de m’être planté. Je décide donc de rebrousser chemin. Je demande au premier jeune bénévole que je croise de nouveau : "Qué pasa ? What is it this bin’s ?", avec une pointe d’accent espagnol... Ce dernier me répond poliment dans la langue de Don César (cf La folie des grandeurs), et me confirme pourtant bien que c’est dans ce sens. Incroyable. J’attends les coureurs suivants, des espagnols, histoire de ne pas m’embarquer sur une fausse piste. Pas certain d’avoir capté la réponse de mon interlocuteur. C’est pourtant bien le "bon" chemin. Le pire passage de cette course.
D’autres portions du parcours ne seront pas non plus très attractives. Nous traversons une zone militaire, une zone de collecte d’égouts, et passons à 10 mètres d’un stand de tir (ball-trap), de quoi en prendre plein les oreilles. Ici, si ce trail est sensé être "éco", la nature espagnole est souvent jonchée de reste de pare-chocs, des carcasses de voiture, de poubelles, bref, c’est assez glauque. C’est durant ces moments-là que l’on se dit que la situation peut toujours être pire.
Avant l’entrée dans le centre ville de Madrid, en direction des 4 tours (ligne d’arrivée), nous effectuons un tour d’une huitaine de kilomètres dans un parc arboré. Histoire de faire des kilomètres pensais-je. Cette boucle n’apporte rien au parcours. Mais bon, c’est toujours mieux que de suivre une ligne électrique à haute tension :). C’est également l’occasion de croiser les coureurs des autres courses, et notamment les marcheurs internationaux. Cette partie du parcours est commune à toutes les courses. Quelques échanges, tout le monde a froid. Il est temps de terminer cette aventure.
Sur l’ensemble du parcours du 80km, j’ai compté 2 supporters en tout et pour tout et 6 spectateurs à l’arrivée (la météo n’aidait alors pas vraiment). Si les promeneurs que l’on croise nous encouragent, les VTTistes, ici le vélo étant roi, ne vous laissent même pas la place de passer sur le monotrace. J’ai failli me faire renverser par un abruti allant à fond les ballons. Il faut que tout de même signaler, à leur décharge, que la première partie du parcours emprunte un parcours de VTT, ceci explique sans doute cela. Par la suite, le parcours sera souvent fléché GR (rouge et blanc).
Après quelques 7 heures et 45 minutes d’effort, j’arrive donc enfin au bout de cette course, totalement frigorifié depuis 5 ou 6 kilomètres. Mes doigts sont blancs, mes lèvres bleues. L’on m’arrête avant la ligne d’arrivée. Ma veste imperméable masquant mon n° de dossard. Je ne comprends toujours pas pourquoi il faut donc un dossard dans le dos et un dossard devant. Bref, cela restera une énigme pour moi. Pas grave. Heureux d’en avoir terminé avec cet éco-trail, je regrette la seconde partie du parcours, bien moins intéressante et casse-pattes, une suite sans fin de petites cotes et descentes, le plus souvent dans des lieux sans intérêt.
Je termine 18e au classement sur 112 coureurs classés seulement (course limitée à 300 inscrits), dont une partie hors délais (barrière horaire fixée à 12 heures). Je ne sais pas où sont passés les autres coureurs, envolés avec le vent ? Gone with the wind ? Dissous avec la pluie acide ? Nouvelle énigme. Je ne pense pas que le taux d’abandon soit de 50%, mais il me semble plutôt que nombre d’entre eux n’ont tout simplement pas pris le départ connaissant la météo qu’il allait faire en fin de journée.
Après l’arrivée, remise de la médaille et une soupe chaude, pommes de terre et lardons, est servie sous une tente, fort heureusement. Un taxi pour rentrer à l’appart sera le meilleur moyen de transport, sous cette pluie battante. Je claque des mâchoires, cette fois-ci, je n’ai plus de dents :)
Courir sous la flotte glaciale c’est une chose, mais rester sur place, sous cette météo déchaînée pour indiquer la direction, c’est encore pire. Un grand coup de chapeau à tous ces jeunes, et ils sont nombreux ! Bravo ! Au final, une belle organisation pour une course presque confidentielle. Si je trouve le parcours inégal, la première partie est magnifique, je la garderai en mémoire, tout comme cette ville, somptueuse.
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