20Km de Paris 2016 - récit de course
9 octobre 2016, ça va cartooner ! C’était la promesse faite cette année, le thème du 20 km étant la bande dessinée. Pourquoi pas... Le t-Shirt de la course est réussi (un de mes critères pour le (...)
Marseille Cassis 2021 © Tocardo
Marseille Cassis 2021, récit de course de Tocardo.
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Par une journée ensoleillée de ce mois de mars 2021, en pleine possession de mes moyens physiques, je m’inscrivais à la renommée course Marseille-Cassis. Course que je n’ai jamais courue. Cette opportunité d’obtenir un dossard, réputé difficile à obtenir, fut saisie au bond.
6 mois plus tard, en proie à un blessure chronique (la liste trop longue et peu réjouissante des pathologies a été éditée... bref, bobo à la hanche), je décidai tout de même de tenir mon engagement. J’irai pour découvrir le parcours, filmer et pourquoi revenir une autre année pour courir vraiment.
En vidéo, rien à lire, et pas grand chose à comprendre..
Samedi 30 octobre, veille de l’événement. Levé à 4h38 du matin, mon petit déjeuner fut expédié rapidement, qui peut avoir vraiment faim a cette heure ? Les miaulements du chat n’y changeraient rien, non, ce n’est pas l’heure de le laisser sortir. Je prends mon vélo de fonction pour me rendre à la gare RER, chargé de mon sac à dos de sportif du dimanche. Mon train, un ouigo, partant de Marne la vallée à 7h13. Il pleut timidement. La météo place la région de Marseille sous vigilance orange ce week-end, pluie et vent. Tout s’annonce bien.
Usager occasionnel du RER, je ne m’attends jamais à un service fiable. Ma faible expérience ne me fait retenir que les “bad trip”. Je ne suis donc pas surpris lors de mon arrivée en gare. Un problème d’exploitation perturbe le trafic. Le train de 6h11 est retardé. Tout va bien. Je me demande alors si je n’aurais pas avantage de rejoindre la gare TGV convoitée avec mon vélo. 8km ce n’est pas grand chose, mais avec ce vélo c’est déjà un vrai challenge. J’arriverai entièrement trempé à la gare, le bas par la pluie. Le haut par ma transpiration, trop vêtu pour cette activité imprévue. Et puis je n’ai pas d’anti-vol avec moi. Je me ravise donc et me donne en offrande à la bonne volonté de la RATP. Avec seulement 26 minutes de retard, le dit train annoncé pour 6h11 arrivait donc en gare à 6h37. Tout va bien.
Arrivé à l’heure à cette gare TGV, le OuiGo convoité apparaît bien sur l’écran des trains au départ, sans retard, ni indication suspecte d’une problématique non identifiée. Je savoure ce moment de zenitude absolu. Masqué, billet de train imprimé dans une main, mobile dans l’autre afin de passer avec succès les multiples contrôles auxquels tout passager doit se soumettre, c’est confiant que je décide d’aller aux toilettes. Un pipi de précaution avant de débuter le trajet me semble nécessaire.
Après avoir rejoint le lieu adéquat, je constate que ma prochaine activité sera onéreuse. Il faut en effet régler 1 euro afin d’accéder à ce lieu de soulagement. J accepte volontiers de payer un tel prix, payant bien davantage aux services fiscaux pour bien moins de soulagements en retour. Toutefois, les nouveaux usages étant ce qu’ils sont, il convient de régler en carte bancaire, créant, de fait, une file d’attente. C’est l’avantage des solutions de paiement de nos jours (sic), un règlement plus rapide, mais seulement une fois que vous avez tous les éléments en main. Les quelques pièces de monnaie présentes dans les poches de pantalon n’étaient donc pas pratiques.
Le client me précédant dans la file d’attente connait un souci de règlement. Payant avec son mobile, le message lui indiquant que la somme a été payée mais le portillon ne le laisse pas passer. La célèbre "dame pipi", reconvertie en spécialiste des règlements bancaires via moyens de paiements numériques, énonce une consigne inattendue : il faut payer monsieur pour rentrer ! Et oui ! Qui l’eu cru ?Le client retorquant qu’il a déjà reçu le récépissé (vous noterez le clin d’œil linguistique) et aimerai que cette experte du portillon l’accepte comme un laisser pisser. Quelques clients dans la file commencent à geindre, subissant des poussées au portillon eux aussi, mais d’un autre genre. Sur ce fait, l’experte responsable active le mode dégradé. Le client litigieux est mis sur le côté et mon instant de vérité arrive. Tous les yeux seront braqués sur moi. Vais je réussir à effectuer ce règlement, le portillon va t il s’ouvrir ? (celui qui permet de passer pour accéder aux trônes). Mon succès serait une preuve à charge contre ce précédent client. Je scrute l’appareil, je vois que les pièces sont acceptées mais ne dispose pas de la monnaie demandée. J’avance ma CB et tente, risquant un cuisant échec, un paiement sans contact. Les lumières vertes s’allument et le message OK vient me soulager. Non je n’urine pas directement devant ce portillon. L’experte prend le soin de tourner ce portillon pour moi tout en regardant d’un air accusateur ce client accablé pour cette preuve irréfutable du bon fonctionnement du système.
Ma déception viendra de ma contribution aux eaux usées, un faible volume. Mais l’aventure n’est pas terminée, car pour sortir il faut emprunter la voie de l’entrée, à contre-sens ! Une surprise de taille, ne tenant ni compte des consignes sanitaires, ni du bon sens le plus basique, mais expliquant ainsi la longueur de la file d’attente.
Depuis l’école, le mot contrôle génère en moi un stress pathologique, non maîtrisé. Réussir le contrôle, le passer sans souci. Billet de train dans une main je cherche sur mon mobile mon passe sanitaire, la file avance et ce sera à moi de prouver ma légitimité dans moins de 30 secondes. Je sens que mon rythme cardiaque s’accélère, vais-je enfin mettre la main sur cette p* d’appli anti-covid ? Ouf, elle se cachait page 3. À 6 secondes près. Je présente alors fièrement mes 3 éléments tangibles : billet, mobile avec Qrcode et ma pièce d’identité. Le contrôleur ma lâche alors un laconique :”que le billet de train Monsieur !” Arggg. Tant d’efforts pour si peu, mais je continue ma quête du quai, tête haute, fier de faire partie de cette communauté, celle de ceux qui ont réussi le contrôle.
Arrivé sur le quai, la quête de la lettre D, indiqué par un agent spécialisé dans la correspondance numéro de voiture/lettre de l’alphabet, marquera mon changement de vie. Plus jamais je ne partirai sans lunettes. Arrivé au bout du quai c’est avec surprise que je comprends qu’aucun ingénieur de notre société de chemin de fer, si brillant soit-il, aurait pu placer la lettre D avant la lettre A. C’est avec mon esprit de déduction affuté et rompu aux énigmes les plus sordides qu’une conclusion m’apparue comme une évidence. Je serais allé trop loin sur le quai. Plutôt que de braver le panneau Ne pas descendre sur les voies afin de me prouver que le panneau D n’a pas été placé en dehors de la gare, je me résout, non sans mal, à faire demi-tour, me jurant de ne plus partir en week-end sans mes précieuses lunettes.
Arrivé donc, pour la seconde fois, sous le panneau recherché, j’attends ce train-train OuiOui Go. Comme bon nombre de voyageurs. Celui qui fume en cachette entre les deux piliers de la gare, laissant une preuve de son crime par son mégot jeté au sol, ou encore cette quinquagénaire laissant marcher son chat avec une laisse adaptée, avant de retourner dans sa cellule de transport pour de trop longues heures. Le train arrive à l’heure. De jeunes femmes outrageusement trop maquillées et victimes sans doute de la dernière tendance vestimentaire en profitent pour réaliser leurs derniers clichés d’elles mêmes afin d’alimenter le livre de leur vie palpitante, elles s’apprêtent à monter dans un train. Instagram et ses millions de lecteurs en haleine seront heureux d’apprendre que leur star, leur guide, leur mentor a bien pris ce train pour Marseille. Un dernier regard de leur silhouette dans le reflet du panneau publicitaire égayant ce quai monochrome et le train peut arriver en gare.
Lettre D voiture 2. Tout était bon. Et pourtant… la porte de la voiture 2 ne fonctionne pas, hors service. But What ? Les voyageurs sont invités à monter par les voitures 1 ou 3. Ce TGV étant complet, nos instagrammeuses influenceuses en mission pour la sauvegarde de l’humanité n’hésitent donc à capter les images de cette société à bout de souffle. Pic d’audience sans doute sur Insta. Marne La Vallée Inside. Cet événement fera sans doute la une du Parisien demain. Le PDG de cette société de chemin de fer devra sans doute répondre publiquement à l’affront lancé à ces starlettes des réseaux sociaux. Il s’en suit un instant de stress, boosté par le message mal venu indiquant aux personnes encore à quai de se dépêcher de monter à bord, ce train s’apprêtant à partir.
Conscient des méfaits d’une séance de fractionnés courts avant une course, je relativise sur l’impact négatif de mon pic de fréquence cardiaque suite à cet événement. Je rejoint ma place attribuée, non sans mal, dans ce tel fatras de voyageurs errants, a la recherche d’un chemin, que sans doute, jamais ils ne trouveront. La vérité est ailleurs.
Le train démarre. C est alors que me vient cette idée saugrenue de coucher sur écran mon voyage. Conscient de l’extrême ordinarité des faits (cherchez pas, cela existe dans le dictionnaire Tocardo), je me délecte a tapoter sur mon mobile. Sans pouvoir lire ce que j’écris, lunettes absentes, j’imagine de bons moments de sourire lorsque je devrais décrypter ce texte. Toujours est-il que cet exercice a un effet plus que bénéfique sur ma montre. Déjà 1h30 de passée et je n’ai pas encore parfumé la voiture 2 de cette odeur de banane que beaucoup attendent avec dégoût. C’est désormais chose faite. J’ai pris le temps de déguster cette banane et laisse la peau à l’air libre, afin que l’oxydation soit totale et ainsi l’odeur plus forte. À l’instar de la
crème bronzante sur la plage, les odeurs de vanille ou de coco, font parti de nos derniers marqueurs tribaux. Ce sera juste ma contribution face à ces enfants turbulents qui empiètent trop régulièrement sur mon espace de vie. L’odeur forte de banane doit être pour ces sauvageons le marqueur d’une zone a ne pas franchir. Le résultat n’est clairement pas a la hauteur de mes espérances.
Les OuiGo sont-ils des trains familiaux ? Faux ! Ce sont des trains réservés aux enfants ! Entendez par là que si les cris stridents d’enfants surexcités dont les parents débordés n’ont pas suivi religieusement les 12 saisons de super Nanie, vous insupportent, ce sera pour vous un very bad trip. Équipé de mon casque, volume sonore à la puissance maximale, avec l’intégral d’AC/DC, je n’hésite pas à avoir ce regard complaisant envers ces parents, oscillant, selon les exploits de leur progéniture, entre honte, renoncement et rage.
J’avais oublié que ce week-end était particulièrement fréquenté par les voyageurs. La renommée fête de la saucisse de Montagny sur Crevande, dans la Creuse, devant sans doute expliquer ce mouvement de foule, pensais-je. Toutefois je ne m’explique toujours pas pourquoi prendre un train pour Marseille pour se rendre au centre la France. Le maillage de la SNCF en serait le principal responsable.
Vigilance orange pluie. Je vous confirme quand il commence à pleuvoir, il ne fait pas semblant. C est donc rincé jusqu’à ma plus profonde intimité que je récupère mon dossard. Puis direction l’hôtel pour une sieste bien méritée.
Levé 5h45, précédent mon réveil de 15 minutes, ce tocard. Je ne réalise même pas que nous avons changé d’heure durant cette nuit. Un œil par la fenêtre me confirme qu’un vent agité perdure. Toutefois je ne décèle pas de pluie. Je descends déjeuner sans oublier de m’enduire de baume du tigre, histoire de faire part, de façon non verbale, à tous ces athlètes émérites, mon courage extraordinaire de participer à une telle épreuve, réduit à l’état de survivant. Je n’exagère pas, je m’adapte, nous sommes à Marseille.
Une fois arrivé à Cassis, trempé, je pensais avoir vite froid. La nuit portant conseil j’avais effectué le choix de recourir à ce service de sac vestiaire. Sac transparent donné avec le dossard. L’heure limite de dépôt indiquée était fixée à 7h30. Avec un départ prévu à 8h30, je trouve cela “abusé” pour faire semblant de parler d’jeune. Mais Tocardo n’étant pas sans ressource, il avait établi un plan machiavélique. Déposer son sac de vestiaire très tôt puis retourner à l’hôtel terminer de se chouchouter (brosser les dents restantes, noker affectueusement ses orteils cagneux couronnés d’ongles bleus/noirs, remettre 3 couches de baume du tigre afin de ne pas être collé par ces athlètes féminines assoiffées d’expériences extra conjugales avec un quinquagénaire hors du commun, etc.). Plan doublement foireux une nouvelle fois.
L’hôtel choisi idéalement le long de ligne de départ est au final, paradoxalement à 10min à pied du départ. Tout est bouclé, un seul moyen d’accès pour rejoindre le flot des contrôles, dépôts de sacs et accès aux sas de départ. La totale lose. Après 15 min, le dépôt de ce petit sac s’effectue rapidement. Mais sur le chemin de retour vers l’hôtel les choses se compliquent. 2 bénévoles m’interdisent le chemin retour vers mon hôtel sous un prétexte inconnu. La seule consigne étant personne ne doit passer dans ce sens. Il ne s ’git pas d une consigne Covid ou similaire. J’explique avec détails mon plan et mon cerveau génère un argument massue : “je ne peux pas courir comme cela, je ne me suis même pas brossé les dents”. A l’instant même ou j’ai prononcé ces mots je me rends compte de leur ridicule. Je dois même lutter pour éliminer ce rictus naissant. Visible, il aurait scellé définitivement ma cause. Fort heureusement je me reprends et insiste lourdement. Je réussi à convaincre la première personne mais la seconde ne veut rien lâcher. L’appel au responsable via son mobile restera non abouti. Après quelques minutes, n’ayant pas d’objets contendants sous la main, je finis par convaincre et me voici autorisé à passer. Je refais donc ma marche matinale, et ma préparation finale.
Au final, 30 min de marche. Retour sur ce chemin, mes 2 geôliers sont toujours présents. Je leur montre que je suis revenu en me stoppant dans le flot des athlètes. Les consignes ont du être clarifiées entre temps, car l’échange est alors cordiale. Dossier classé.
Je passe de nouveau les multiples contrôles (dossard, masque, bandeau sanitaire) et suis le fléchage. La bonne nouvelle est que le vent n’est pas froid et qu’il ne pleut pas. Les minutes passent. Plutôt que de m’échauffer comme la plupart des athlètes présents, j’opte pour la stratégie de la grosse feignasse. Je m’assoie dans l’entrée d’ un parking sous-terrain, laissé ouvert, à l’abri du vent, en attendant 15 minutes avant le départ. J’ai horreur d’attendre debout en statique. J’espère que mon baume du tigre fera effet, étant légèrement agoraphobe et probablement mentalement malade. Mais franchement, dans ce sas, je suis à l’aise.
Pan ! C est parti ! Avec quelques minutes de retard, car un véhicule garé le long du parcours devait être convié à la fourrière. N’étant pas échauffé, peu entraîné pour ce genre de course et accessoirement blessé, je décidai d’un commun accord avec moi-même, de partir sur rythme modéré. Bien m’en a pris. Si les 2 ou 3 premiers km sont fastoches, cela se corse rapidement, selon l’adage usité dans le sud de la France. Ça coince même carrément pour moi, un tiraillement dans la hanche me rappelle mon objectif : filmer cette course. Je sors donc le matos et le ravito du 5ieme km est là.
Arrivé au 10e km, ce sera une grande descente, puis un regain de difficulté sur 1 borne avant d’arriver. Joli parcours, belle épreuve, orga au top, hormis pour le nombre de toilettes et la gestion des sacs vestiaires. À refaire sous un grand soleil et sans vent pour voir.
Si vous avez lu ce texte jusqu’au bout, je vous félicite, mais n’en reste pas moins inquiet pour votre santé mentale. Pour la course, c’est dans la vidéo, mais l’essentiel est toujours dans les mentions qui accompagnent...
9 octobre 2016, ça va cartooner ! C’était la promesse faite cette année, le thème du 20 km étant la bande dessinée. Pourquoi pas... Le t-Shirt de la course est réussi (un de mes critères pour le (...)