Marseille Cassis 2021 - Le vent, Gineste et son col, Superman et Tocardo sur la route de K6
Marseille Cassis 2021, récit de course de Tocardo.
9 octobre 2016, ça va cartooner ! C’était la promesse faite cette année, le thème du 20 km étant la bande dessinée. Pourquoi pas... Le t-Shirt de la course est réussi (un de mes critères pour le moins subjectif, je le reconnais volontiers..), c’est déjà un bon point, car les années précédentes ce n’était pas vraiment ça...
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Les 20km de Paris c’est la course emblématique de la Capitale. C’est "The Race", la course historique, celle qui a lancé la tendance de la course à pied pour les athlètes du quotidien, vous, moi, bref, nous tous, qui ne sommes ni champions, ni sportifs génétiquement améliorés. Pour toutes celles et ceux qui n’ont pas d’aïeux kenyans ou éthiopiens, ceux pour qui la course à pied reste l’école de la patience, de l’endurance et de l’humilité. Amen.
La course des 20km de Paris reste toujours pour moi la plus animée musicalement de la Capitale. Tous les km, un groupe vous délivre leurs meilleures mélodies (parfois tout reste relatif, par rapport à nos goûts, mais bon...). Histoire de vous motiver sur cette distance. Saviez-vous d’ailleurs que la musique est un dopant reconnu ? Ecouter de la musique permettrait d’accroître ses performances sportives de 2% ! De quoi faire un bon chrono sur les 20km de Paris ! D’ailleurs, pour les licenciés FFA, l’écoute de la musique est interdite en compétition. Histoire de ne pas tricher. Vous connaissez la musique... Alors ceux qui se fredonnent des airs dans la tête trichent un peu... Pas bien ! Ils se dopent :) Allez passons.
Cette année, j’ai trouvé l’ambiance un ton en dessous. Mais peut-être avais-je l’esprit chagrin... Ou suis-je déjà un peu sourd, et n’entends-je plus les encouragements ainsi que les groupes de musicos. Tout est possible, c’est moche de vieillir...
Depuis que je cours les 20 kilomètres de Paris (6eme fois en 2016), je me suis toujours demandé comment il était possible de proposer un système de consigne aussi stupide, en apparence.
Plutôt que d’utiliser votre n° de dossard comme identifiant pour le reporter sur votre sac, ils vous donnent un ticket papier à conserver pendant la course, ticket à redonner pour avoir votre sac en retour. Conserver un bout de papier à ne surtout pas perdre pendant une course, c’est sympa comme idée. Je le mets dans mon short, devant ? Il fait frais aujourd’hui, il y a donc un peu plus de place... Nan, soyons fair-play, je le mets donc dans une de mes chaussettes. Il sera trempé au retour, mais sans trop d’odeurs, humm...
Cette année, c’était encore plus compliqué que d’habitude. Je vais tenter de vous la faire courte. Sur le dossard, figure une couleur, mauve pour moi. Pour les consignes, vous retrouvez les mêmes couleurs que les dossards, mais vous ne devez pas forcément les respecter, puisqu’elles n’ont rien à voir. Simple, n’est-ce pas ? De plus, votre n° de dossard ne sert à rien puisqu’on vous donnera ce fameux ticket avec un autre n°. Par contre, vous devez choisir, par exemple, dans la couleur verte, entre 200 à 400, 400 à 600, 600 à 800, etc... Bref, par exemple, j’ai le dossard 25456 jaune et je dépose mon sac dans la consigne 655 bleu. Ok ! ça commence fort.
J’avais pour ma part le dossard 620 mauve, je l’ai déposé dans la consigne 230 mauve (c’est la même couleur ! Taquin que je suis...), je suis allé au 600 pour être cohérent, mais on m’a dit, non toi vas là-bas... Oki... oki.
Donc j’ai tout de même posé la question à une bénévole, très sympa, quid de ce bin’s sur les n° ? Et bien, la réponse fût claire : "J’sais pas, c’est le système qu’est comme ça..". "Ah ok", répondis-je sans doute d’un air perturbé...
Puis elle se ravisa, en lisant ma déception sur mon visage, et ajouta : "Ah si, c’est pour nous éviter de classer les sacs !". En effet, cela fait moins de travail de classement des sacs pour les bénévoles, car ils distribuent ainsi les n° dans un ordre séquentiel. Wahouu... The ruse of the chien malade...
Ok, j’en prends acte. Moins de boulot pour les bénévoles. ça me va, c’est clair et je respecte. Mais, je ne peux m’empêcher de penser que c’est une vraie connerie, car pendant l’heure et demie que dure la course en moyenne, trier 100 sacs doit bien pouvoir être possible... Mais bon. Comment font-ils à Chigago avec 70.000 coureurs ? Ils utilisent les n° de dossards...
Mais bon. J’ai enfin la réponse à la question qui me taraudait depuis 6 années. Une énigme d’élucidée. L’esprit libéré, je passais en mode course, comme si la résolution de cette énigme me libérait du poids d’une enclume à porter. Préparation psychologique oblige.
Afin de satisfaire aux récentes conditions de sécurité (quelqu’un sait-il pourquoi ? hé je blague, c’est bon oh...), le parcours des 20 km de Paris a subi de légères modifications. La côte du départ pour monter au Trocadéro, souvent décriée et cause d’embouteillage, n’est plus empruntée au profit d’un petit kilomètre sur les quais pour se lancer. Afin de récupérer ce kilomètre supplémentaire, le demi-tour du Pont de Suresnes est supprimé et est déplacé allée de la Reine Marguerite au cœur du bois de Boulogne. Le reste du parcours est inchangé.
Nous avions été prévenus la veille sur l’ex réseau social des ados, réservé maintenant aux vieux, le bien nommé face de bouc ! Les accès aux sas de départ ont changé, il fallait étudier la carte avec attention. Les coureurs dont la VMA est supérieur à leur QI devaient demander de l’aide à des non sportifs bac + 8 pour bien comprendre le schéma. Pour ma part, toujours trop confiant, diplômé en intelligence artificielle, j’avais fait fonctionner mes systèmes prédictifs afin de déterminer le parcours le plus adapté pour rejoindre mon sas, de façon optimisée. J’aurais du plutôt demander au chat du voisin de venir à mon secours. Comme chacun sait, plus on court vite, moins on peut réfléchir. L’oxygène est absorbé principalement par les muscles. Par ailleurs, avec l’âge, je dois avoir moins de neurones connectés que de VO2 max. Bilan, je pensais que tout irait bien... Fatale erreur, et pourtant...
C’était la 1ère année que je pouvais prétendre à un positionnement en préférentiel 1 pour cette course, juste derrière les élites. Un rêve de quadragénaire. Maintenant quiqua, je l’avais réalisé. Trop top ! J’en bavais d’avance... Sauf que le Pierre Richard de la course à pied ne trouva jamais l’accès à ce foutu sas de m*... en temps et en heure. Le top naze du jour.
Le psycho drame débuta ainsi. Après avoir résolu l’affaire de la consigne, je profitai alors de ce généreux soleil d’octobre, en me demandant si vraiment s’échauffer était nécessaire. La réponse que j’apportais était négative, pas aujourd’hui. C’est ma fête ! Et pour cause... Le 9 octobre. Je décida donc de rejoindre mon sas, en ajustant mon ticket de consigne dans ma chaussette droite. Il était 9:02... Départ de la course à 10:00. Tout va bien... Je vais bien.
Sortir du stade Emile Anthoine, lieu de la consigne, pour se rendre sur le lieu de départ Pont de Iéna, c’est un drame humain ...
Un embouteillage humain digne des fins de matchs de l’équipe de France au stade de Saint-Denis, il faut compter 45 minutes pour rejoindre le métro. Là, il a fallu 45 minutes pour faire 3 mètres !!!
Les athlètes qui n’avaient pas étudié avec toute l’attention nécessaire le jeu de couleurs des dossards et des chemins d’accès respectifs (6 couleurs distinctes) étaient filtrés dans un entonnoir, où ne pouvait passer qu’une seule personne à la fois. Ces "mal comprenants" étaient donc éconduits à contre-sens de la file d’attente, bloquant ainsi un peu plus l’écoulement humain. Au fil des minutes, le stress montant, leur statut, dans l’esprit de ceux qui attendaient dans la queue, évoluait rapidement de "mal comprennant" à celui de "débile profond".
Bref, avec le stress de rater le départ, de plus en plus d’athlètes énervés sautaient par dessus les barrières. Quelques agents de sécurité sont arrivés en renfort pour tenter d’organiser ce qui pouvait rapidement dégénérer en un mouvement de foule, une émeute, que dis-je, une révolution !
Denis se montrait confiant. Au début. Après 40 minutes d’attente pour faire 3 mètres, il dû se résoudre à dire adieu à son sas de préférentiel 1, tant escompté. Pas de larme, juste un sourire, le sort semble s’acharner sur ce tocard, pas une seule course sans une p’tite merdouille... That’s it. Alors, les adages de sur-motivation refirent leur entrées : tout ce qui me blesse me rend plus fort... ta ta ta... Avant de lâcher un somptueux : "Mais bordel, bougez-vous devant !"
J’arrivais enfin, au bout du pont, pas au départ, mais à l’autre bout, donc pas moins de 10.000 eme au départ, bien au chaud parmi les valeureux athlètes dont l’objectif est de boucler cette plaisanterie en 1heure35. Un moindre mal... Déçu mais bon.
Je n’étais pas le seul dans ce cas. Un élite en perdition tentait désespérément de rejoindre lui la tête de course. Avec deux autres camarades de sas non trouvé, nous partageons donc notre chagrin. Nous demandons alors à quelques vigiles en bord de clôture par où fallait-il donc passer pour accéder au sas mauve (enfin violet, car mauve, la réponse faite a été : y’en a pas ! sic) . Nous visualisons bien l’accès, mais deux rangées de barrières nous empêchent d’y arriver. Une situation totalement ubuesque à laquelle nous n’aurons jamais de réponse claire ni précise.
Toujours est-il qu’un organisateur de la course, en blouson rouge (un chef sans doute), témoin de la scène a pitié de notre désarroi. Il nous propose alors de nous ouvrir une grille afin de nous changer de cage.
Après un remerciement rapide mais néanmoins sincère, nous nous engouffrons et courons à fond en direction du départ, sur le côté du pont, totalement désert. Un 400 mètres couru sans doute en moins d’1 minute 20. Aucun spectateur n’étant autorisé à venir sur le lieu du départ. Mais où est donc l’entrée, une autre grille nous sépare du départ. Retour d’une 50aine de mètres, nous sommes passés trop vite devant, re-sprint, et l’entrée du sas se présente devant nous.
Le speaker annonce le décompte, moins de 1 minute du départ. Le sas préférentiel 1 a déjà avancé vers la ligne de départ, nous nous retrouvons avec les préférentiels 2, mais c’est déjà top !
A Paris, les bouchons, cela fait partie du mode de vie. Dans les courses à pied de la Capitale, ce phénomène est aussi présent. Ralentissement après 200m de course... Un bref passage au pas, à cause d’un rétrécissement de chaussée, et puis c’est reparti, idem, nouveau ralentissement quelques centaines de mètres plus loin. Bilan du changement de parcours : c’est effectivement plus sympa de passer par l’arc de triomphe, par contre, question bouchon, c’est le même souci, le 1er premier kilo est totalement saturé, nous n’avançons pas. Il faut compter 1 minute de plus que le temps normal... Donc pas de chrono à faire ce jour...
Le 1er kilo passé, c’est maintenant la petite cote qui remonte à l’arc de triomphe qui nous fait face. Le coeur accélère ses battements, cette grimpette doit faire seulement 500/600 mètres, mais c’est suffisant pour entendre les coureurs souffler. Ceux qui, comme moi, ne sont pas équipés de ces quadriceps insensibles aux dénivelés, peuvent déjà compter leurs muscles. A froid, l’effet est top. Et puis la course retombe enfin sur son parcours habituel. Direction le bois de Boulogne. De larges avenues, aucun souci, on peut courir dans son coin. Le paysage est somptueux, avec ce soleil. Aucun public n’est présent, mais peu importe, nous sommes heureux de gambader, bon à 15km/h quand même... Pas le temps d’échanger d’envolée poétiques sur la chute des feuilles... Les kilos s’enchaînent.
Et puis c’est déjà le retour sur les quais de seine, pas vu le temps passé, une ballade agréable, la vue sur la tour Eiffel à droite, embrassée par le soleil. Idéal pour parfaire notre bronzage sur la face droite. Après un ravito bien mérité, nous affrontons ces petits tunnels parisiens avec amusement, ces sorties de tunnels toujours aussi sympathiques avec ces petites remontées, juste pour nous montrer que l’acidose, ce n’est pas que dans les manuels de biologie musculaire, ça existe aussi dans la vraie vie... Et puis le passage de ce pont sur la seine, dont je n’ai jamais su le nom (une enquête est ouverte pour l’an prochain...), indiquant déjà que l’arrivée n’est plus très loin, moins de 3 bornes, ce n’est rien. On peut lâcher toute l’énergie... Heu, mais de quelle énergie tu parles Denis ? Ah oui... C’est vrai, ceux qui ont encore de l’énergie peuvent donc tout libérer. Pour ma part, je joue la carte de l’humilité... Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Je me rappelle ce départ épique, et me propose de n’accélérer que pour la photo finale. Je lis le panneau "La santé avant la performance", demandant aux coureurs de ne pas tenter le diable pour quelques secondes de grappillées. Je juge pertinent cet affichage et me rappelle que la semaine dernière j’étais en train de courir les championnats de France de semi-marathon... Faudrait pas trop abuser. J’en termine avec le sourire en apercevant ma fille aînée venue me soutenir une nouvelle fois, un cadeau de la vie. Une journée bien remplie, ça vraiment été ma fête !
Marseille Cassis 2021, récit de course de Tocardo.