Infernal trail des Vosges 2024 100 km (IT 100)
Tocardo a bouclé cet infernal trail des Vosges, distance 100 km, en 15 h 40 min, en transpirant, malgré le froid.
El Tocardo sur une passerelle à Monteynard © TPM
En ce jour de fête nationale 2019, si certains défilent sur les Champs-Elysées, d’autres courent sur les chemins du Dauphiné, en Isère (38). La promesse des organisateurs du trail des passerelles de Monteynard (TPM) était d’en prendre plein les yeux. El Tocardo en aura pris aussi plein les pattes... Le Sénépi, l’Everest du Dauphiné, n’est pas un mythe mais bien une réalité.
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Je n’avais pas vraiment le choix. En ce 14 juillet 2019, c’était soit défiler sur les champs (je précise, le matin uniquement, pas l’après-midi en mode gilet...), soit aller courir du côté du Dauphiné, dans cette région grandiose, autour du lac de Monteynard. Et comme je n’ai pas été convié à défiler par Manu... Je partais donc la veille en direction de Treffort (38). Une course support pour ma préparation pour la diagonale des fous de cet automne (oui, vous allez en entendre parler un peu...). Plusieurs formats de course sont proposées, j’avais choisi pour ma part "La grande course", soit 65km, pour un D+ annoncé de 3.300m, rien d’inquiétant... Arborant les couleurs de notre pays, ma tenue de coureur était donc en bleu/blanc/rouge, afin de célébrer tout de même ce 14 juillet, comme il se doit.
Tout commençait donc bien. Après avoir opté pour un hébergement à 40 minutes de voiture de Treffort, faute de trouver mieux (le logement au camping du lac de Monteynard est fortement conseillé), la quête du dossard la veille de la course ressemblait déjà à une épreuve d’endurance. Je ne sais pas véritablement pour quelle raison, l’accès au parking obligatoire pour aller retirer le dossard était plus que ralenti. La forte affluence des touristes sur les berges du lac, en cette journée chaude, ce samedi après-midi, pouvait en être la cause. Après 1 heure d’attente, le parking s’offre à moi : un champ en dévers, poussiéreux comme dans les westerns américains. Je priai déjà pour qu’il ne pleuve pas, ma voiture n’ayant rien d’un tracteur...
Le teasing de la course est pour le moins attirant : nous allons ainsi passer sur de nombreux sites spectaculaires : la pierre percée, courir dans les couloirs d’une ancienne mine, longer une voie de chemin de fer historique, gravir le sommet de l’Everest du Dauphiné (le Sénépi), et donc emprunter les deux passerelles himalayennes (hauteur de 85 mètres au-dessus de l’eau), thème de ce trail, tout en ayant une vue panoramique sur ce fabuleux lac de Monteynard (barrage EDF érigé en 1963, oui, un peu de culture ne te fera pas de mal...). Tu pourras aisément recaser cette information cruciale lors de ton prochain BBQ et ainsi épater tes amis. De rien. Tous ces merveilles, en seulement 65km de parcours, c’est top !
Le départ de cette course s’effectue à La Mure et l’arrivée est à Treffort. Pour se rendre au départ, en partant de Treffort, un service de bus est prévu. Il suffit de s’inscrire lors de la réservation de votre dossard pour en bénéficier, le coût est de 10€. Il faut compter 1h15 de bus sur ces routes sinueuses pour rejoindre La Mure. Le départ du bus était fixé à 3h30 du mat... Sur le parking (le champ). Rendez-vous pris à 3h15. Sauf qu’à 3h45, toujours pas de bus, pour nous, la vingtaine des derniers coureurs à attendre, les autres bus étant tous complets et partis depuis longtemps... Fort heureusement, notre bus arrive enfin, il est 4h00. Sachant que la durée de trajet est de plus d’une heure, avec un départ de course à 5h30, l’échauffement et les traditionnels rituels seront largement écourtés. Cela tombe bien pensais-je... Une bonne raison pour ne pas s’échauffer, il fera suffisamment chaud sur la course.
Top départ, peu après 5h30 du matin, les 900 coureurs s’élancent, pour une boucle de 1km dans ce village, avant d’attaquer la première cote. Ce sera le programme de la journée : cote, descente, cote, descente... Je m’empresse de placer un bon 15km/h dans le village histoire de ne pas subir les inévitables embouteillages sur les premiers monotraces. A la première balise, je suis 35e, ce sera évidemment mon meilleur classement de toute cette course. On connaît bien la stratégie de course du Tocardo, à fond les 2 premiers km, et puis tout le reste à l’agonie...
Cette première cote me semble bien longue, mais je résiste, je ne marche pas. Je suis le mouvement et comme les p’tits jeunes qui m’entourent prennent un malin plaisir à continuer de courir, je souffre un peu. Enfin, cette maudite cote se termine. Je scrute le profil de la course, habilement imprimée à l’envers [1] sur notre dossard, afin d’évaluer la taille de la prochaine crotte. Oui, je sais... Pour Tocardo, les sommets sur les profils de course sont des crottes. Des petites crottes, ou de grosses crottes. Le sénépi est sans conteste une grosse crotte. Plus la crotte est grosse, et plus on en chie... Ah ah, que c’est malin.
El Tocardo est malin. Comme il n’a pas plu depuis des lustres, il pensait que les chemins empruntés seraient secs et non glissants. Bien vu ! Quoi de mieux alors que de chausser des chaussures de route pour ce trail ? Si ce n’est que pour assumer d’un point de vue pédestre les quelques bouses de vaches présentes sur le parcours, des chaussures de trails ne servent pas à grand chose. Et oui, utiliser des chaussures de trail sur un terrain sec et dur, c’est un peu comme faire une lessive en mettant une lingette anti-décoloration pour du linge à laver trié par coloris, ça fait le job, mais c’est débile. Bref, El Tocardo était chaussé de chaussures de route. Il avait juste oublié un léger détail... A 6 heures du matin, à près de 1.500m d’altitude, quand tu descends les pentes d’une piste de ski, donc sur des surfaces herbeuses courtes, il y a de la rosée, car il fait frais... Et donc ça glisse grave avec des chaussures de route, démunies de crampon... Il n’est jamais trop tard pour apprendre, mais quand on est un tocard... On reste un tocard.
Au sommet d’un chemin herbeux, nous arrivons sur un champ en dévers (encore un ? un parking ou un champ ?). Un arc de pierre grandiose, percé en son centre, est posé en haut de cette crotte de 1220 m d’altitude. Cette sculpture naturelle est due à l’érosion des calcaires triasiques (si tu ne retiens pas les termes, note-les, car pour les ressortir lors d’un repas, faut vraiment avoir l’air de les connaître...). C’est une particularité faisant partie des 7 merveilles du Dauphiné. Comme je sais qu tu possède une culture importante (pfff...), je ne vais pas lister les 6 autres. Tout le monde les connaît (heu, non, la tour Eiffel n’en fait pas partie...).
La Mine image est un musée réutilisant les véritables galeries d’une mine d’Anthracite à La Motte-d’Aveillans, en Isère. Et c’est parti pour une course de quelques centaines de mètres dans les galeries, plusieurs virages à angle droit te réveilleront immanquablement. Comme tu as déjà rangé ta lampe frontale dans ton sac à dos, le bon son de ton front contre les parois te tiendra suffisamment éveillé pour que tu retrouves la sortie sain et sauf. Mais qu’il fait chaud dans ces galeries.
Pour ta culture perso, sache que le bassin minier du Dauphiné a été exploité depuis le moyen-âge et jusqu’en 1956. Les dernières exploitations ferment définitivement en 1997. Les mines de la Mure exploitées à la La Motte-d’Aveillans, ferment en 1956.
Fidèle à ses principes, El Tocardo se devait de se vautrer au sol, une belle gamelle, histoire de marquer le coup. Cela est donc arrivé, comme d’habitude, en descente sur un chemin tranquille, à vive allure, un peu de relâchement, une petite pierre, et bim, le grand soleil. Double fracture ouverte tibia péroné, ligaments croisés déchirés jambe droite, mains brûlées au 3e degré, 3 dents cassées, mon œil de verre perdu dans le buisson, fort heureusement ma jambe de bois gauche n’avait rien... Bref, la routine. Donc après ces quelques instants d’inconscience, ayant vu défiler ma vie, ma feuille d’impôt remplie, je reprends mes esprits et analyse froidement la situation : c’est sans appel. Je n’ai rien ! Quelques saignements dans les paumes des mains, signe que j’ai bien fait de ne pas prendre mes bâtons pour cette course, un genou sanguinolent, mais rien de bien sérieux. Je remercie vivement l’athlète qui est venu à mon secours, afin de tenter de me relever. Je l’encourage à continuer son chemin, et à me laisser périr seul, dans la dignité. Je constate tout de même que ma caméra ne fonctionne plus, Memory Card Error, pour une fois que je me filmais en course... Nouvel échec. Je repars donc en courant, sourire aux lèvres, je suis donc toujours aussi nul, cela me fait plaisir.
Le début de l’ascension du sénépi est pour le moins taquine, ça grimpe fort. Evidemment, fidèle à ma stratégie, ça monte, je marche. Par la suite, ce sera moins pentu. Les traileurs se prennent ainsi 1.200m de D+ en une seule fois, sans pause. Histoire de savoir qui fera une crise cardiaque dans l’année. Seuls les plus en forme apprécieront. El Tocardo trouve la plaisanterie assez longue, et passe en mode transpiration exceptionnelle. Sa montre lui indique une fréquence cardiaque de 205 puls/min, sans doute une erreur de mesure... [Message personnel à mon cardiologue : Au fait, il faut faire quoi quand on a très mal au bras gauche ?] Fatalement le tocard se calme. On respire. On boit. La première féminine me dépasse, belle marche. On discute un peu avec les survivants. Et le graal est là : le sommet du Sénépi, avec sa vue 360° sur toute la région. C’est fatiguant, mais c’est beau. Du coup, le lac, si grand en bas, ne ressemble plus qu’à une petite flaque vu du haut. Ce n’est pas le tout, faut redescendre. Et surtout garder en mémoire qu’une fois le sommet du Sénépi franchit, la messe n’est pas finie ! (proverbe dauphinois bien connu...)
Evidemment, ces passerelles n’ont rien de p’tits trucs bricolés à la hâte. Oubliez donc vos fantasmes de passerelles tanguant à chacun de vos pas. Les liens d’ancrage sont des gros câbles en acier, ça sent le solide. On ne risque pas de glisser et de tomber de 85 m de haut dans le lac, des protections sont présentes des deux côtés. Les trailers sujets au vertige doivent pouvoir passer sans souci. J’ai le vertige et franchement je n’ai pas été gêné. Sur les passerelles, il est interdit de courir, de toutes façons, cela bouge quand même un peu. De nombreux touristes sont présents, et du coup, impossible même de marche vite. Connaissant mon aisance naturelle à me vautrer, je préfère garder une main sur le câble servant de rampe. C’est un joli moment à passer, cela vaut vraiment le détour. Magnifique.
La chaleur fait rage. L’écurie est encore à quelques km... Les derniers sont difficiles, tant la chaleur te scotche au sol. Le parcours n’a rien de plus taquin que le reste, mais ce passage à l’heure la plus chaude de la journée correspond avec la partie du parcours la moins ombragée... Du coup, c’est le coup de chaud assuré. Je n’ai plus d’eau... Il est temps de franchir la ligne d’arrivée !
Pour les amateurs de numérologie, je termine 53e au scratch et 4e master 2, en 8h22. Même pas mal.
Un super parcours, taquin mais intéressant. Des particularités à voir, je retiens le passage dans la mine (il y fait super chaud), le sommet du Sénépi ainsi qu’évidemment les passerelles. Les ravitos sont fournis, même si je n’ai rien retenu pour ma part en nourriture solide (je suis difficile... Et le saucisson n’a pas ma préférence). Les organisateurs avaient ajouté des ravitos, en raison de la forte chaleur de la journée. Nous n’arrêtions pas de nous abreuver... Telles des vaches laitières attendant l’heure de la traite. (Ah bon ? ça boit les vaches avant la traite ?)
Les bénévoles sont comme toujours au top, j’espère pouvoir courir au moins une fois une course avec des bénévoles nuls, histoire de ne pas passer pour un fayot qui remercie toujours tout le monde, mais là franchement, sympas, serviables, souriants... On voit qu’il fait bon vivre dans le coin. Cerise sur le gâteau, les photos de la course sont offertes, et ça c’est rare. Bravo donc aux organisateurs et aux 400 bénévoles. Une super réussite ce TPM !
[1] Imprimée à l’envers pour que le coureur puisse voir le profil à l’endroit. Tu n’as pas compris... Je m’en doutais. Généralement le lecteur intelligent ne lis que le premier paragraphe de l’article... Il a un métier lui, une vie, une famille, de vrais amis... Bref. Fais la course et tu comprendras peut-être, du moment que tu places ton dossard sur ton côté face (ton bide par exemple). Passons.
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